On a vu : GAO BO 高波 | 谨献 LES OFFRANDES

Jusqu'au 9 avril 2017 - Maison Européenne de la Photographie //
Bien 

La Maison Européenne de la Photographie s’ouvre ici à une œuvre dense et protéiforme qui convoque la vie, la mort, le temps qui passe et la façon dont  l’homme peut l’aborder. Dans le texte d’introduction à l’exposition, il est indiqué que Gao Bo est bel et bien artiste, qu’il est aussi chinois mais qu’il n’est pas ce que l’on appelle communément aujourd’hui un « artiste chinois », expression qui connoterait un artiste surfant sur la vague d’un intérêt occidental pour cette lointaine et fascinante contrée, contrôlant à merveille les tendances d’un marché de l’art en demande constante. Gao Bo, lui, préfère la lenteur, l’introspection, produire des images, y revenir des années plus tard, en faire des œuvres fortes, les détruire pour littéralement les faire renaître de leurs cendres.

 

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La première partie de l’exposition présente sa série de photographies consacrées au Tibet. D’une facture plus traditionnelle que le reste de son œuvre exposée, elles incarnent la fascination et la spiritualité d’une destination qui englobe beautés les plus pures et atroces souffrances. Dix ans après son voyage, Gao Bo revient sur ses prises de vues, une façon de leur donner l’occasion de renaître, d’acquérir de l’indépendance et de se rapprocher d’une vérité absolue. Il recouvre les tirages de son propre sang - les cimaises pourpres rappelant cette action radicale - et dessine au fil des images une graphie inventée, un alphabet fictionnel qui devient sa signature (alphabet réalisé à l’aide de moines bouddhistes). Rien de morbide ici. Plutôt qu’un sacrifice, il s’agit, comme le nom de l’exposition l’indique d’une offrande à un peuple, à une expérience si dense qu’il est presque impossible d’en parler. Une œuvre photographique à la grande charge symbolique, très poétique.

 

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A l’étage, tout autre chose. L’on entre dans un univers plastique constitué d’œuvres monumentales questionnant fondamentalement le médium photographique. L’on est notamment accueilli par d’immenses et impressionnants portraits en doubles quadriptyques croisés de néons rouges. Portraits que Gao Bo recouvre de peinture noire ou blanche - l’on remarque au passage quelques coulures que l'on a tenté d'effacer sur les rideaux de la MEP, laissant présager une gestuelle violente et passionnée - puis brûle de façon à les faire disparaître. La mort et la maladie inonde une œuvre conceptuelle qui fait appel à des expériences personnelles (le suicide de sa mère, la maladie de sa muse et amie..). Émane pourtant de ce travail une spiritualité infinie qui calme et apaise. C’est pourquoi, bien que conceptuelle, cette œuvre n’est jamais difficile à pénétrer. Une découverte incroyable qui mêle les techniques et les supports et qui nous laisse le sentiment d’avoir vu quelque chose d’utile, qui en avait beaucoup à nous faire voir et à nous dire.

3 bonnes raisons d'aller voir cette expo  :
-Pour découvrir un artiste venu de loin
-Pour la sublime esthétique d'une oeuvre protéiforme oscillant entre minimalisme et monumentalisme
-Pour vivre un moment spirituel plus que nécessaire en ce moment

Maison Européenne de la Photographie
Jusqu’au 9 avril 2017

5/7 rue de Fourcy, 75004  - M° Saint Paul (1)
Du mer au dim de 11h à 20h - Fermé lun et mar
Tarif : 8 € – Tarif réduit : 4,50 €

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