Chaque été, les amateurs de photographie attendent ce rendez-vous avec impatience : une déambulation en pleine nature, entre lumière tamisée, ombres mouvantes et éclats d’images venus du monde entier. Dans les allées du parc d’Albert Kahn, les œuvres suspendent le temps et invitent à un voyage sensible, loin des cartes et des frontières. Sous les branches des cèdres, le regard de Luiz Braga capte les couleurs saturées des terres brésiliennes, vibrantes et âpres. Un peu plus loin, Pedro David révèle, dans une succession d’images en suspens, l’étouffement sourd des paysages d’eucalyptus, monocultures dévorant la mémoire des terres. Sur une autre scène, Peter Mitchell dresse une armée silencieuse d’épouvantails : figures dérisoires, tendres sentinelles d’un monde rural en déclin.

De portraits décalés en paysages blessés, chaque artiste explore à sa manière les failles, les beautés, les résistances de notre planète contemporaine. Rebecca Topakian suit la trace des perruches migrantes dans les ciels d’Île-de-France, tandis que Roberto Giangrande photographie les cicatrices architecturales de l’Italie moderne, chantiers fantômes devenus monuments involontaires. Entre réalisme documentaire, poésie du détail et humour discret, les visions se croisent, se répondent, recomposant un monde éclaté mais vibrant, fragile et splendide dans ses métamorphoses. Une invitation à voyager autrement, portée par des regards libres, dans l’écrin unique des jardins d’Albert Kahn, entre scènes paysagères rêvées et clairières secrètes.

Le saviez-vous ?
Véritable trésor végétal aux portes de Paris, le parc d'Albert Kahn offre un voyage immobile à travers les continents. Jardin japonais, forêt vosgienne, roseraie anglaise ou jardin français s'y déploient en scènes successives, dans une harmonie discrète et bouleversante.
Créé comme un manifeste pacifiste au tournant du XXᵉ siècle, ce jardin à scènes paysagères mêle art du voyage et quête d'unité. Flâner ici, c'est traverser le rêve intact d’un homme qui croyait en la beauté du monde comme remède aux déchirures du temps.

Musée Albert Kahn
Du 17 mai au 7 septembre 2025




2 Rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt - Du mar. au dim. 10h-19h, fermé le lundi Tarif : 9€ TR :6€ Gratuit : - 26 ans