Eugen Gabritschevsky

Jusqu’au 18 septembre 2016 - 
La Maison Rouge //

Pour la première fois, plus de 230 œuvres – certaines jamais exposées – d’Eugen Gabritschevsky sont présentées à la Maison Rouge. Issu de la haute aristocratie de la Russie Tsariste, celui-ci est destiné à une brillante carrière de scientifique. Il quitte l’URSS pour le laboratoire de l’Université de Columbia, puis l’institut Pasteur.  Mais en 1926, il se voit contraint d’abandonner ses recherches  à cause de problèmes psychiques. Il est définitivement interné à 35 ans et passera les 50 dernières années de sa vie à l’hôpital de Haar, en Allemagne. Une œuvre foisonnante voit alors le jour : dans l’urgence de s’exprimer, il peint sur tout ce qu’il trouve ; calendriers, magazines, papier calque… Et s’essaye à la gouache, à l’aquarelle, à la mine de plomb. Apparaît alors à la fois un monde perturbant et perturbé, peuplé d’animaux fabuleux, de corps fantomatiques et hybrides évoluant en alternance dans des paysages désertés ou des univers nocturnes festifs et extravagants. Sa peinture, empreinte de solitude, est sa seule source d’évasion. Oiseaux, femmes ou insectes peuplent de manière obsédante le monde qu'Eugen  Gabritschevsky nous dévoile, un univers si profond et si personnel. La plupart de ses œuvres ne sont ni titrées ni datées, laissant d’autant plus de marge d’interprétation au visiteur.  Il faut les regarder de très près pour découvrir tous les détails, puis il faut s'éloigner un peu pour admirer la force de la composition.

L’art et la folie
Si Dubuffet a d’abord refusé d’acheter la peinture de Gabritschevsky, c’est parce qu’il considérait que celle-ci était plus raffinée et mystérieuse que la majorité de sa Collection de l’Art Brut. Son frère, Georges Gabritschevsky, tient à préciser dans une de ses lettres que le talent de son frère ne vient pas de sa folie, et que pour cette raison il ne faut pas enfermer son oeuvre picturale dans la maladie. Toute sa vie, le peintre a navigué entre la folie et la normalité en effleurant la frontière qui sépare l’une de l’autre.

La foule fantômatique
Il faut bien s’approcher des œuvres d’Eugen Gabritschevsky pour apercevoir tous les fantômes qui y grouillent. Des séries de visages aux petits yeux, des visages d’enfants presque, à la fois terrifiantes et attirantes. Des créatures étranges, souvent difformes, que l’aquarelle sur papier calque rend même vaporeuses. Une tête de squelette jaunâtre posée sur un corps chétif cintrée dans un smoking surgissant d’un couloir sans fin attire particulièrement l’attention. Avec une touche d’humour, Gabritschevsky représente les médecins qui le soignent sous la forme de personnages aux yeux énormes : il les regarde comme des bêtes étranges.

Une œuvre troublante et émouvante, qui fut repérée par Jean Dubuffet qui acheta finalement plus de 70 œuvres à Eugen Gabritschevsky, 20 ans avant sa mort.  Sur les murs colorés de la Maison Rouge, le travail de l’artiste ressort magnifiquement bien : une expo à ne pas rater !

Eugen Gabritschevsky (1893-1979) was born in Moscow. He studied biology, going on to specialize in genetics. Thereafter, he suffered certain mental disorders, for which he was interned in a psychiatric hospital in 1931. He devoted the next fifty years to creating five thousand paintings and drawings, using a variety of techniques at hand.

 

La Maison Rouge
Jusqu’au 18 septembre 2016
10 bd de la Bastille, 75012 - M° Quai de la Rapée (5)
Du mercredi au lundi de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Fermé le mardi
Tarif : 10 € - Tarif réduit : 7€ - Gratuit - de 13 ans

 


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