David Hockney - Artiste infatigable

David Hockney, Henry Geldzahler and Christopher Scott, 1969, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, Henry Geldzahler and Christopher Scott, 1969

David Hockney fascine. L’artiste a laissé une marque indélébile au cœur de plusieurs mouvements artistiques, tels que le pop art, le cubisme et l’expressionnisme. De ses portraits à ses paysages, de ses revendications engagées à son amour pour la nature, Hockney c’est l’envie du renouveau et l’incapacité à rester immobile. Lumière sur ce peintre irrévérencieux.

 

Hockney, mauvais élève

David Hockney, The Diploma, 1962, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, The Diploma, 1962

 

Dès sa sortie du Royal College of Art de Londres, il marque les esprits ; après plusieurs années au sein de l’école, l’artiste a vu son talent grandir et sa position en tant qu’artiste mûrir. Ses nouvelles revendications le poussent à refuser d’écrire une dissertation afin de clôturer son éducation, car il souhaite que l’école ne le juge que sur ses créations artistiques. En guise de travail, il rend donc un dessin satirique intitulé « Le Diplôme ». Reconnaissant son talent indéniable, et souhaitant encourager de telles prises de position, l’école change son règlement et accepte de rétribuer le jeune artiste. Cette esquisse, aujourd’hui devenue symbole de l’engagement artistique, et précieuse pièce de collection, trône, accompagnée de ses copies, dans des musées tels que le Tate ou le Victoria and Albert Museum.

 

 

 

Rien ne l'arrête

La diversité artistique de l’artiste n’a jamais été limitée à l’art pictural. Hockney est également passionné de littérature et de science. Ses premières illustrations étaient grandement influencées par l’écrivain américain Walt Whitman, dont le recueil de poèmes « Feuilles d’herbe » a marqué le monde de la littérature, et a été une révélation pour Hockney. Il est aussi profondément inspiré par les poèmes puissants et imagés de William Blake, qui sont pour lui source d’inspirations fulgurantes.

Mais son intérêt pour la culture ne s’arrête pas là. Intrigué par les chefs-d’œuvre picturaux de la Renaissance, il suppose qu’une aide optique était la source de la minutie des détails de ces arts. Obstiné, il se lance dans des recherches, épaulé par l’artiste et physicien Charles Falco, et tous deux écrivent une thèse, baptisée par leurs deux noms, qui affirme que ces détails n’ont pas pu être créés seulement grâce à l’œil humain. Cette théorie est, à ce jour, toujours une grande source de débat dans l’univers de l’art et celui de la physique.

Enfin, après avoir exploré la littérature et la physique dans son art, Hockney semble incapable de se reposer. Il découvre un autre médium : l’écriture, et rédige un grand nombre d’ouvrages et de scénarios, confirmant ainsi que l’artiste n’est jamais à court d’idées et voit chaque aspect de la culture comme un défi qu’il doit relever.

David Hockney, Myself and my heroes, 1961, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, Myself and my heroes, 1961

 

Des relations tendues avec la monarchie

David Hockney, The Queen and Prince Philip on The Spirit of Chartwell in the rain at the Thames, 2012, expo in the city

David Hockney, The Queen and Prince Philip on The Spirit of Chartwell in the rain at the Thames, 2012

Tout commence en 1990, lorsque l’artiste refuse de se faire anoblir, un geste pourtant considéré comme un honneur pour la plupart des britanniques. Par la suite, il décline une commande de la Monarchie ; peindre la Reine, sous prétexte qu’il est « trop occupé à peindre le pays de celle-ci ». Pas de négociation possible, Hockney explique qu’il préfère représenter des gens qu’il connait dans ses peintures, et que pour lui ce n’est pas une question de prix.

Lors du Jubilee de 2012, cependant, il change finalement d’avis, et immortalise pour la première fois la Reine, la contemplant depuis sa télévision. Enfin, en cette même année, il est décoré de l’ordre du mérite, un hommage clair à son importance dans le paysage artistique britannique. A 79 ans, l’artiste décide de réaliser un vitrail à l’Abbaye de Westminster, en l’honneur d’Elizabeth II, une œuvre majestueuse qui laisse deviner à la fois son envie de se réconcilier avec la Reine, et d’explorer un nouveau matériau dans son parcours artistique.
Une oeuvre à découvrir d’ici la fin de l’année 2017...

 

Une blague devenue symbole du Pop Art

David Hockney, A Bigger Splash, 1967, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, A Bigger Splash, 1967

« A bigger splash » est reconnue pour être l’une des œuvres les plus emblématiques du mouvement Pop Art, véritable icône, devenant le visage de l’artiste. Pourtant, lorsque Hockney peint cette vague à la surface ensoleillée d’une piscine turquoise, il pense seulement à l’humour de la situation. Photographe, l’artiste a l’habitude d’immortaliser ces réactions naturelles en un clin d’œil, donnant ainsi une dimension immortelle à un phénomène éphémère. En tant que peintre, cependant, il devient difficile de conserver cette notion du dérisoire. L’artiste décide donc, après avoir vécu plusieurs années en Californie, de prendre pour modèle un des accessoires les plus courants de ces maisons de bord de mer : les piscines. Travaillant le sujet, il choisit alors de recréer cet instant si volatile en prenant le plus de temps possible. Les fines particules du « splash » de la vague ont donc été immortalisées en deux longs mois, en 1967, cette attention du détail créant un contraste ironique avec le moment, et la possibilité de peindre l’éclaboussure d’un simple jet de peinture sur la toile.

 

Des débuts moins glorieux

David Hockney, Beverly Hills Housewife, 1967, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, Beverly Hills Housewife, 1967

Si aujourd’hui Hockney est l’un des artistes modernes les plus en vogue, cela n’a pas toujours été le cas. Sa première peinture, « Portrait de mon père » (1955) avait été exposée à une foire régionale de Leeds, sans étiquette dessus. Un passant a finalement repéré la toile et l’a achetée pour seulement 10£, après que l’artiste a demandé à son père si celui-ci lui donnait son accord pour le vendre. En une cinquantaine d’années, cependant, la réputation de l’artiste a grandi à une vitesse alarmante, et ses œuvres sont aujourd’hui recherchées par les collectionneurs. En 2009, son record a été établi, lorsque son diptyque « Beverly Hills housewife » est vendu pour la modique somme de 7 922 500$ !

 

Accro aux technologies

David Hockney, Landscape on iPad, expo in the city

David Hockney, Landscape on iPad

 

Véritable féru d’outils modernes, Hockney a commencé dès 1980 à en incorporer dans son art. En 1986, il a organisé tout seul la publication de ses créations, en s’aidant d’un photocopieur. Dans les années 1990, il devient fasciné par les fax et les imprimantes lasers et s’en sert avidement. Enfin, depuis 2009, et toujours joueur dans l’âme, le peintre dessine depuis son smartphone et sa tablette, et envoie régulièrement à ses amis des créations inédites, représentations de natures mortes ou de paysages, comme des petits messages affectueux.

 

 

 

 

 

David Hockney, Nichols Canyon, 1980, centre pompidou, expo in the city

David Hockney, Nichols Canyon, 1980

 

 

Le saviez-vous ?

David Hockney est atteint de synesthésie. Il s’agit d’un phénomène neurologique par lequel deux de nos sens sont associés. Le peintre, lui, voit des couleurs lorsqu’il écoute de la musique. Bien que cela n’ait pas d’impact dans la création de ses peintures et de ses photographies, Hockney s’est cependant servi de ce « don » pour créer les décors de l’Opéra de New York, imaginant des jeux de lumières et de couleurs perçus à l’écoute de la musique de chaque spectacle.


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