Les scandales de la FIAC
Dire que l’art contemporain divise est un euphémisme. Les artistes semblent prêts à tout pour créer ce que leur esprit imagine, entre art engagé, controverse et perversité. Dans le monde entier, des installations contemporaines indignent les critiques et attirent les acheteurs, des sculptures hybrides et grotesques de Patricia Piccinini au Christ baignant dans le sang et l’urine de Serrano… À tel point que l’on en vient à se demander si l’art contemporain a pour seul but de choquer. La FIAC, au fil de ses éditions, a vu défiler un grand nombre d’oeuvres atypiques, faites pour déconcerter ou scandaliser… Retour sur ces créations inoubliables.
LES OEUVRES LES PLUS SCANDALEUSES
UN ARBRE CENSURÉ
En choisissant l’artiste irrévérencieux Paul McCarthy pour habiller la place Vendôme, la FIAC rassemblait tout son courage. L’affront est immense. En 2014, les magazines et adeptes de la foire ne parlent que de ce sapin vert géant à la forme plus que douteuse venant souiller la plus belle place de Paris. Les passants s’offusquent et deviennent même violents. L’oeuvre se fait poignardée dès la première nuit de son inauguration, et McCarthy renonce à l’ériger de nouveau, écoutant les avertissements des critiques d’art qualifiant son arbre de “blague grasse”...
ENTRE CHIEN ET LOUP
Nous sommes en 2008. Des policiers investissent les lieux, se dirigeant vers la galerie moscovite XL, exposant les oeuvres controversées d’Oleg Kulik. La raison ? Kulik est accusé de créer une oeuvre zoophile et pornographique qui ne devrait pas mettre les pieds à la FIAC. Ses clichés, le représentant dans la peau d’un chien, nu et tenu en laisse, ou encore suggérant des relations intimes avec des bêtes sont décrochées avec empressement, attisant ainsi la curiosité des collectionneurs. Alors ? Coup dur ou coup de pub ?
BAISER VOLÉ
Tout commence en 1977, lors de la 4e édition de la Foire. ORLAN, alors encore relativement inconnue, s’invite à la FIAC (sans y être conviée) pour y présenter une sculpture particulière… De face, l’artiste en madone nous dévisage de toute sa grandeur, mais de dos, elle se dénude, seins nus et nous provoque. Le dilemme, alors, émerge : faire don d’un cierge à la Sainte ou embrasser à pleine bouche le Corps. Choisirez-vous la madone ou la prostituée ? ORLAN sera la première à comprendre que pour éblouir à la FIAC, il faut choquer…
LES PLUS INSOLITES
UN ÉTRANGE RANGEMENT
L’édition 2015 de la FIAC nous réserve une véritable surprise, cachée parmi les centaines d’oeuvres installées dans le Grand Palais. Au détour des galeries, trône une coupe à fruits étonnante, installée dans une cuvette de toilette, quelque part entre le dégoût et l’étrange. Une oeuvre d’art qui interroge, nous laissant perplexes face à une telle représentation…
LA COUVEUSE MODERNE
En 2016, les iPhones sont-ils obsolètes ? Peuvent-ils encore se renouveler et attirer les acheteurs ? Sommes-nous devenus tant attachés à nos smartphones qu’ils se transforment en mère poule ? L’artiste Laure Prouvost répond avec humour à ces questions en installant une oeuvre atypique à la FIAC : un iPhone couvant des oeufs, portant la légende « ces oeufs ont été gardés au chaud par mon iPhone pour que les petits poussins puissent grandir à l’intérieur ». Une dose de légèreté dans une foire qui manque peut-être d’autodérision.
ART ET TAXIDERMIE
Cette même année, l’artiste irlandaise Claire Morgan étonne grâce à sa création : une sculpture suspendue dans les airs par des fils de nylon. Des graines de pissenlits viennent s’accrocher le long du cube, lui donnant une couleur, un aspect aérien, et une forme sombre semble apparaître au milieu de la figure. En se rapprochant, le mystère est résolu : des mouches mortes décorent la forme géométrique, lui donnant un caractère certain.
PAPIER-MÂCHÉ OBSCÈNE
Surfant sur la vague de McCarthy et sa sculpture à la forme ambiguë, l’artiste autrichien Franz West installe sa statue de phallus géant en plein milieu de la FIAC 2016. La sculpture s’élève, dominant les alentours, et dispose d’une « base » plus large, permettant aux gens de s’asseoir. Un pied-de-nez original à la foire, entre insolence et créativité.
ADDITION GARGANTUESQUE
Utiliser les objets du quotidien et se les réapproprier pour en faire des oeuvres d’art étranges et marquantes est une pratique courante à la FIAC. En 2016, l’artiste mexicain Gabriel Kuri expose sa note très salée : une tapisserie de 5 mètres de long représentant un ticket de caisse, faisant d’un objet futile, que l’on froisse et l’on jette une création unique. Sur ce ticket, un apéritif à la « Caviar House », où un individu aurait dépensé 31 euros pour un cocktail et de l’eau. Voilà de quoiinspirer les grands collectionneurs de la FIAC…