Théâtre - Le Bord

PARIS -
Du 11 au 30 juin 2018 -

Théâtre de l'épée de bois //

Une ville. De nos jours. La nuit. Au bord d’une nouvelle vie, un jeune homme tombe sur le corps d’un vieil ivrogne couché dans la rue. Les deux sont en fuite — pour aller où ? L’événement est aussi fugace et percutant qu’un accident aperçu à travers la vitre d’une voiture. À un autre endroit de la ville : le jeune homme rentre chez lui, où l’attend sa mère pour leur dernière soirée ensemble. Mais le vieil homme l’a suivi et va faire irruption dans la maison pour régler des comptes. D’un incident à l’autre, trois vies basculent.
Le Bord, pièce inscrite dans le cycle d’œuvres que Bond a originellement écrites pour être jouées dans les lycées et collèges, explore avec un humour tonique la notion de gouffre entre les générations, décrit avec compassion les déchirements d’une séparation, et propose une parabole moderne sur la difficulté qu’il y a à se constituer en être responsable et solidaire, dans une société acharnée à étouffer et briser la liberté créatrice de l’individu.

Edward Bond s’est intéressé à l’écriture dramatique pour jeunes publics à l’occasion d’une profonde crise dans les milieux scolaires britanniques, déclenchée par la politique ultra-libérale, et nécrosante pour le tissu social, que mena Margaret Thatcher dès les années 70. Une des conséquences de cette politique fut le démantèlement d’un système original d’éducation par le théâtre : Theatre-in-Education, dont les forces vives : « acteurs-professeurs », furent systématiquement réduits au silence. La seule compagnie qui ait survécu à ce détissage destructeur est aujourd’hui encore installée à Birmingham : Big Brum.

Pièces d’apprentissage pour jeunes comédiens, et jeunes publics, les pièces pour Big Brum sont pour Bond l’occasion d’une réflexion sur le théâtre, mais aussi sur le fonctionnement de l’esprit humain. En écrivant pour des enfants ou des adolescents, Bond affirme sa foi en leur capacité morale d’affronter et de comprendre la complexité de l’expérience humaine, jusque dans ses plus profondes tragédies. L’être humain, dès ses premiers pas dans le monde, est un être responsable qui accueille le reste de ses frères humains dans le monde qu’il (se) crée pour survivre. C’est ainsi que l’on peut lire le trajet du jeune Ron dans Le Bord : pris au piège des conséquences d’un accident apparemment anodin, il va accepter d’affronter les questions les plus douloureuses — la vie, la mort,l’injustice, en apprenant à leur donner un nouveau sens, pour faire face à son existence encore à inventer.

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