Passée au crible : L'Orient des peintres
Musée Marmottan Monet
Du 7 mars au 21 juillet 2019
DU FANTASME À LA RÉALITÉ
Le Musée Marmottan nous invite à voyager par-delà la mer Méditerranée jusqu’aux contrées lointaines de l’Orient, grâce à une cinquantaine d’œuvres de grands artistes tels que Delacroix, Ingres, Paul Klee ou encore Kandinsky. Tous ces peintres de la fin du XIXe siècle aux années 1920 sont réunis ici autour de leur fascination commune pour l’Orientalisme, célébrant, chacun à leur manière, le corps humain et les paysages magnifiés. Ce sont les conquêtes napoléoniennes qui poussent les artistes à peindre un Orient complètement fantasmé, ou au contraire à vérifier par eux-mêmes la véracité de leur perception en se rendant directement sur place. Ainsi, Ingres qui n’a jamais entrepris ce périple, peint sa célèbre Grande Odalisque d’après des lettres et des objets rapportés lors de grandes expéditions. Même si cette toile est le reflet d’un Orientalisme complètement imaginé, elle connaît un franc succès auprès de ses contemporains qui ont été subjugués par tant de pureté. Théodore Chassériau, quant à lui, tend vers plus de réalisme et exécute son tableau Danseuses Marocaines d’après une scène traditionnelle qu’il a vue en Algérie lors de son voyage en 1846. C’est à l'aube du XXe siècle que les artistes s’intéressent à l’Orient tel qu’il est vraiment : l’Odalisque à la culotte rouge de Matisse n’est alors plus un nu,mais une femme habillée d’un sarouel et le tableau Oriental de Kandinsky, réalisé en 1909 après son voyage en Tunisie, représente des personnages en costumes colorés et en turbans. L’Orientalisme devient même une réelle source d’inspiration pour les avant-gardes qui y voient là une voie possible vers un art nouveau aux portes de l’abstraction, privilégiant de plus en plus la couleur à la forme. De La Petite Baigneuse d’Ingres à l’Architecture intérieure de Paul Klee, on ne peut qu’être saisi par l’évolution artistique de cet orient vécu ou fantasmé. On quitte l’exposition complètement envoûté, la tête encore plongée dans l’Orient des peintres, ses étendues de désert, ses femmes aux regards envoûtants et ses habits brodés de mille couleurs.