Voyagez sur la route du Kisokaidō avec Hiroshige et Kuniyoshi à l'exposition du musée Cernuschi
Musée Cernuschi
Du 19 mai au 8 août 2021
De Tokyo à Kyoto, le Kisokaidō est devenu une route mythique pour avoir été l’une des cinq voies officielles des dirigeants politiques et des commerçants à l’époque d’Edo (1603- 1868). Avec ses 69 stations réparties sur 542 km, elle traversait de manière pittoresque et ardue de nombreuses provinces montagneuses du Japon, offrant une promenade spectaculaire à ses visiteurs. Des paysages démesurés et évocateurs qui n’ont cessé d’inspirer les artistes japonais. Parmi eux, Keisai Eisen et Utagawa Hiroshige, deux figures incontournables qui se sont succédé pour réaliser une série des Soixante-neuf relais de la route du Kisokaidō. Ces 71 estampes gravées sur bois de l’ukiyo-e représentent de sublimes paysages ponctués de saules et de roseaux, d’étangs et de vallées, dans lesquels des voyageurs aux tenues traditionnelles poursuivent leur chemin. Mais la série est avant tout exceptionnelle pour ses variations d’aplats de couleurs, selon les heures et les saisons, à l’instar du célèbre Mochizuki qui présente la 25e station sous une légère brume bleutée, éclairée par la clarté de la lune.
Une traversée poétique qui se poursuit avec la série d’Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), dévoilée pour la première fois au public. Reprenant le même thème que ses prédécesseurs, l’artiste personnalise ses estampes d’un certain trait d’humour et de nombreuses références s’inspirant de la littérature classique, du théâtre des marionnettes et du folklore japonais. Ainsi, avec près de 150 estampes nippones réalisées en seulement 20 ans, l’exposition dévoile toute la richesse iconographique de cette route légendaire, complétée par une sélection d’objets traditionnels, des boîtes à calligraphie aux armures de samouraïs.
Focus sur... N°26, Mochizuki d’Utagawa Hiroshige (1835-1838)
Cette estampe représente « Mochizuki », la 26e station de la route du Kisokaidō, qui se traduit par « pleine lune ». On y observe des voyageurs lourdement chargés, en train de gravir une montagne peuplée d’immenses pins. Avec ses dégradés de bleu, la prouesse d’Hiroshige s’illustre aussi dans son cadrage ambitieux : le cheval coupé au premier plan sera d’ailleurs repris par Edgar Degas pour suggérer le mouvement dans sa toile Aux courses en province (1872).