Paul Signac et ses beautés méridionales dans l'exposition du musée Jacquemart-André

Musée Jacquemart-André
Du 19 mai au 26 juillet 2021

Nous pénétrons dans la plus tendre intimité au cœur de l’exposition consacrée à Paul Signac. Le musée Jacquemart-André nous invite à un voyage baigné des doux rayons ensoleillés de l’artiste. Ce grand coloriste s’empare du motif aquatique comme personne, nous plongeant dans les baies de Concarneau, sur les rives de la Seine, au bord des falaises de Saint-Tropez ou des canaux de Venise, jusqu’aux plus beaux ports de France avec ces 14 feuilles inestimables issues de sa célèbre série d’aquarelles… Sur les quelque 600 tableaux que l’on connait de l’artiste, plus de la moitié présentent la mer, plus d’une centaine nous montrent les fleuves. Et pour cause, Signac est un marin accompli, un navigateur passionné qui a possédé plus de 30 bateaux tout au long de sa vie, et qui ne cessera dans sa peinture d’explorer l’infinie variation des eaux, du ciel, des lumières. Il est le peintre de l’incandescence. Celui que beaucoup qualifieront de pointilliste, mais qui abhorrait ce terme, lui préférant… et de loin… l’idée du « divisionnisme », l’art de mélanger les couleurs non pas dans la palette mais dans l’œil de celui qui regarde la toile. Et quel éclat. Le prisme des roses se mêle aux mauves et aux orangés pour faire scintiller la mer. Des couleurs franches, assumées. Ses toiles resplendissent dans l’écrin discret du musée. Quand on recule d’un pas, les touches de couleurs prennent vie, se fondant comme par magie dans notre œil pour recréer les plus beaux paysages.

Une soixantaine de toiles magistrales provenant de la plus grande collection privée d’œuvres néo-impressionnistes au monde sont ici réunies. Nous découvrons des œuvres éblouissantes aux côtés de leurs esquisses préparatoires, révélant un dessinateur et un aquarelliste exceptionnel, une touche libre et audacieuse, comme avec ce Joueur de boules, ou cette Salle à manger non sans rappeler le traité de Pierre Bonnard. Le parcours fait résonner les toiles du maître avec celles de ses  contemporains, Camille Pissarro magnifiquement représenté avec cette toile d’Eragny, mise en regard avec celles des moutons qui a d’ailleurs appartenu à Signac, Maximilen Luce aussi avec sa touche vivace que l’on retrouve ici sur la route de Saint-Tropez, Henri-Edmond Cross et sa mer clapotante d’un bleu électrisant… L’exposition s’achève sur des toiles bouleversantes, qui nous rappellent que si Signac aura osé libérer sa couleur avec une palette triomphante ouvrant la voie au fauvisme d’un Matisse, il restera toute sa vie un fervent admirateur de Turner et Monet. Des toiles comme cette vue du Palais des Papes d’Avignon, nymbée dans les brumes de l’aube, non sans rappeler celles du Parlement de Londres ou celles de la Cathédrale de Rouen. Une exposition qui s’offre comme une respiration aux airs de libération, trouvant un écho tout particulier aujourd’hui.

Nous avons eu la chance de visiter l'expo en avant-première, voici quelques clichés spécialement pour vous.

 

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« Allons nous saouler de lumière » écrivait Georges Seurat à Paul Signac, invitant son ami à s’abreuver des rayons blonds et délicats du petit jour dans le Midi. Venise, Saint-Tropez, Paris, la Bretagne : Signac (1863-1935) est un autodidacte voyageur qui s’enivre de la route et de ses paysages grisants qui s’ouvrent, béants, jusqu’à la pointe ultime de l’horizon. La mer, sensuelle, langoureuse, dévore en écumes chatoyantes les reflets audacieux du soleil à son zénith. Admirant Monet, Guillaumin, Manet et Pissarro, lecteur passionné de l’avant-garde, il est le peintre de l’incandescence du prisme des couleurs. Rien, pourtant, n’est laissé au hasard : si Signac ne se prive pas de la figuration, sa sensibilité le porte parfois jusqu’aux limites de l’abstraction, jusqu’à donner à ses tableaux des titres de mouvements musicaux en une sorte de symphonie de cette Méditerranée qu’il fait chanter : Avant du Tub, opus 176 (1888) et Saint-Briac. Les Balises, opus 210 (1890), leur attribuant même un tempo : « allegro » ou « larghetto ». Ne qualifions toutefois pas de pointilliste celui qui abhorrait ce quolibet et théorisa, en réponse à la critique, le « divisionnisme » qui ouvrit la voie au fauvisme et à l’abstraction. Chez le peintre, le mélange des couleurs ne se fait pas dans la palette, mais dans l’œil. Le néo-impressionniste fait résonner les teintes qui se subliment réciproquement. Oranges, bleus et blancs papillonnent et font scintiller la mer de ses Andelys tandis que le jaune et le parme se confrontent dans une rixe complémentaire pour dessiner les murailles d’Avignon sous le soleil levant dans un parcours qui fait résonner les toiles du maître et celles de ses contemporains : Camille Pissarro, Maximilen Luce, Théo Van Rysselberghe, Henri-Edmond Cross, Georges Seurat et Georges Lacombe.  « Le néo-impressionniste ne pointille pas, mais divise », insistait-t-il. Il ne s’agit pas, poursuit-il, de couvrir la toile de points bêtement juxtaposés, mais de diviser la couleur de manière très savante, en étudiant ses propriétés optiques selon des règles excessivement précises afin de métamorphoser la toile. Appliqués méthodiquement les unes à côté des autres, les touches fusionnent avec le recul, pour se fondre dans l’œil en créant ces teintes harmonieuses dans une palette triomphante. Le Musée Jacquemart-André rend hommage au peintre Paul Signac à travers une exposition éponyme. L'occasion de découvrir une soixantaine d'oeuvres magistrales qui ont fait la renommée de cet artiste.

 

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Le saviez-vous ?

Grand navigateur et fervent admirateur d’Edouard Manet, Paul Signac baptisa un de ses bateau « L’Olympia », en référence au célèbre tableau du peintre, et un second « Manet-Zola-Wagner ». Quant à son atelier, il le surnommait « La Hune », comme la plateforme intermédiaire du mât d’un navire sur laquelle le matelot effectue les manœuvres hautes.

Réservation obligatoire

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