Les beautés méridionales de Paul Signac dans l'exposition du musée Jacquemart-André
Musée Jacquemart-André
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« Allons nous saouler de lumière » écrivait Georges Seurat à Paul Signac, invitant son ami à s’abreuver des rayons blonds et délicats du petit jour dans le Midi. Venise, Saint-Tropez, Paris, la Bretagne : Signac (1863-1935) est un autodidacte voyageur qui s’enivre de la route et de ses paysages grisants qui s’ouvrent, béants, jusqu’à la pointe ultime de l’horizon. La mer, sensuelle, langoureuse, dévore en écumes chatoyantes les reflets audacieux du soleil à son zénith. Admirant Monet, Guillaumin, Manet et Pissarro, lecteur passionné de l’avant-garde, il est le peintre de l’incandescence du prisme des couleurs. Rien, pourtant, n’est laissé au hasard : si Signac ne se prive pas de la figuration, sa sensibilité le porte parfois jusqu’aux limites de l’abstraction, jusqu’à donner à ses tableaux des titres de mouvements musicaux en une sorte de symphonie de cette Méditerranée qu’il fait chanter : Avant du Tub, opus 176 (1888) et Saint-Briac. Les Balises, opus 210 (1890), leur attribuant même un tempo : « allegro » ou « larghetto ». Ne qualifions toutefois pas de pointilliste celui qui abhorrait ce quolibet et théorisa, en réponse à la critique, le « divisionnisme » qui ouvrit la voie au fauvisme et à l’abstraction. Chez le peintre, le mélange des couleurs ne se fait pas dans la palette, mais dans l’œil. Le néo-impressionniste fait résonner les teintes qui se subliment réciproquement. Oranges, bleus et blancs papillonnent et font scintiller la mer de ses Andelys tandis que le jaune et le parme se confrontent dans une rixe complémentaire pour dessiner les murailles d’Avignon sous le soleil levant dans un parcours qui fait résonner les toiles du maître et celles de ses contemporains : Camille Pissarro, Maximilen Luce, Théo Van Rysselberghe, Henri-Edmond Cross, Georges Seurat et Georges Lacombe. « Le néo-impressionniste ne pointille pas, mais divise », insistait-t-il. Il ne s’agit pas, poursuit-il, de couvrir la toile de points bêtement juxtaposés, mais de diviser la couleur de manière très savante, en étudiant ses propriétés optiques selon des règles excessivement précises afin de métamorphoser la toile. Appliqués méthodiquement les unes à côté des autres, les touches fusionnent avec le recul, pour se fondre dans l’œil en créant ces teintes harmonieuses dans une palette triomphante. Le Musée Jacquemart-André rend hommage au peintre Paul Signac à travers une exposition éponyme. L'occasion de découvrir une soixantaine d'oeuvres magistrales qui ont fait la renommée de cet artiste.
Le saviez-vous ?
Grand navigateur et fervent admirateur d’Edouard Manet, Paul Signac baptisa un de ses bateau « L’Olympia », en référence au célèbre tableau du peintre, et un second « Manet-Zola-Wagner ». Quant à son atelier, il le surnommait « La Hune », comme la plateforme intermédiaire du mât d’un navire sur laquelle le matelot effectue les manœuvres hautes.