Immersion dans l'exposition XXL d'Anselm Kiefer au Grand Palais Éphémère

Grand Palais Éphémère
Du 16 décembre 2021 au 11 janvier 2022





C’est sans doute « l’exposition » de cette fin d’année. Le Grand Palais éphémère accueille Anselm Kiefer pour une carte blanche absolument spectaculaire. Nous arrivons ici dans un atelier géant de 10000m², un espace brut, bétonné, plongé dans une pénombre crépusculaire. Un décor presque apocalyptique. Nous débarquons ici dans une autre dimension. Les spots font figure d’étoiles dans une nuit noire. Les toiles s’érigent sur près de 10 mètres de haut, modestement posées sur des roulettes de fortune. Nul besoin de piédestal, les œuvres se suffisent. Poétiques, radicales, enveloppantes, et finalement, acceptons-le, écrasantes. L’immensité des volumes en devient presque oppressante, nous ramenant à notre fragile condition humaine. Pourtant, un sentiment étrange nous saisit, nous sommes comme happés par le spectacle, fascinés par le gigantisme et la densité picturale de ces toiles, hantées par les écrits de Paul Celan, grand poète rescapé des camps de la mort. L’artiste nous invite ici à vivre une véritable expérience. Traverser le néant. Expérimenter la destruction. Contempler l’absence et imaginer sa suite. Sur ses immenses toiles se cache une infinité d’indices, dissimulés plus ou moins discrètement : des vestes d’enfants abandonnées, des silhouettes de paille à la manière d’épouvantails du passé, un caddie rempli de pierres carbonisées, des masses qui s’écorchent jusqu’à faire saigner la toile comme une croûte épaisse qui nous révèlerait ses entrailles de feu. Ses tableaux ont tous subi un acte de destruction avant de se parer d’une nouvelle valeur pour réveiller nos mémoires endormies. Ici un bunker emprisonné tel un bijou dans son précieux écrin de verre, attirant notre regard pour ne pas oublier. Et il va falloir justement regarder, s’approcher, pour véritablement prendre la mesure du message. Les ailes de cet avion de plomb sont couvertes de fleurs de pavot, symbole de l’oubli, en écho au recueil de Celan, écrit peu après la libération du camp d’Auschwitz. Les champs de blé ont été ratissés, ne restent que les faux et quelques fougères d’or. Est-ce une illusion d’alchimiste ou l’espoir d’une renaissance ? Dans cette pénombre où les toiles s’élancent telles des livres d’histoire, les feuilles d’or semblent nous mener vers la voie d’un avenir éclairé. Loin de se tourner vers la mort, l’artiste nous projette plus loin, vers la vie. Mais attention, le temps nous est compté... Nous n’aurons qu’un mois pour découvrir cette magnifique exposition.

 

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Pour sa toute première exposition monographique, le Grand Palais Éphémère a vu grand. Très grand. Ce gigantesque hangar abrite pour un petit mois seulement l'immense Anselm Kiefer. Le peintre allemand signe là-bas une sublime exposition, hantée par les mots de Paul Celan.

 

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Depuis les années 90, un lien intime lie Anselm Kiefer au poète roumain. Une admiration sans faille qui avait déjà fait l'objet d'une exposition. L'artiste allemand, installé en France depuis une trentaine d'années, inaugurait en effet en 2007, le programme Monumenta au Grand Palais avec pour toile de fond la verve de Paul Celan. Quinze plus tard, le peintre poursuit son travail sur la mémoire européenne, brûlée, cabossée, traversée par la guerre et les conflits, et la poésie inapaisée du plus grand poète germanophone de l'après-guerre. Un dialogue artistique magistral, d'une rare violence et d'une beauté absolue...

« Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé ». Un néant matérialisé ici par les installations et les toiles monumentales de Kiefer. Des œuvres bouleversantes, conçues entre 2015 et 2021, exposées au cœur d'une scénographie minimale. Fragments de textes tracés à la craie, pigments et matériaux divers, se mêlent étrangement. La touche est épaisse, rugueuse, marquante. Une œuvre sombre et vivante, traversée par la littérature et les traumatismes d'une Europe meurtrie, comme une porte ouverte sur le néant.

 

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