Une aquarelle de Chagall vendue par Sotheby’s serait en réalité une contrefaçon
En 1994, Stephanie Clegg fait l’acquisition d’une toile de Chagall lors d’enchères organisées par la prestigieuse maison de vente Sotheby’s, à New York. Elle y met le prix fort : 90 000 dollars. En 2008, elle fait réévaluer la valeur de l’aquarelle, alors estimée à 100 000 dollars, ce qui lui confirme son bon investissement. Elle admire quotidiennement les couleurs du maître, affiché dans son salon. Mais lorsqu'elle décide de déménager, les événements prennent un tournant surprenant. Elle considère qu’il est temps de se séparer de son cher tableau et d’en faire profiter quelqu’un d’autre. Elle retourne donc voir Sotheby’s, pour qu’ils organisent au mieux la vente. L’œuvre doit tout d’abord être examinée par le comité Chagall, à Paris. Ce qui devait n’être qu’une formalité et un rapide aller-retour au-dessus de l’Atlantique se transforme alors en énorme déconvenue : le comité déclare que l’œuvre est une contrefaçon et réclame sa destruction.
L’acheteuse, profondément choquée et déçue, se retourne aujourd’hui contre Sotheby’s qui lui a vendu un faux et réclame des dédommagements à hauteur de 175 000 dollars. La maison, qui se partage l’hégémonie du marché avec son concurrent Christie’s, refuse de débourser cette compensation et déclare que la garantie d’authenticité de l’aquarelle est périmée, n’étant valable que pendant deux ans après la vente. Elle propose une compensation bien inférieure, de 18 500 dollars, soit la valeur de la commission perçue lors de la vente de 1994. L’affaire passera devant un juge et Sotheby’s devra répondre aux accusations de rupture de contrat, de négligence et de déclaration frauduleuse.
Outre cette dispute juridique et financière entre l’acheteuse flouée et la maison de vente, on peut se poser la question du devenir de l’aquarelle nommée Le Couple au bouquet de fleurs. Amalgame entre plusieurs créations de Chagall, dont Le Couple au bouquet et Les Amoureux au cheval, la contrefaçon est très bien réalisée et comporte de nombreux détails caractéristiques de Chagall. En effet, on y retrouve des motifs symboliques chers au peintre que l’on aperçoit dans de nombreuses de ses toiles, comme la présence d’un bouquet, d’un cheval et d’un coq ou encore d’un croissant de lune. Malgré sa qualité intrinsèque, l’aquarelle sera très probablement détruite comme l’exige le comité Chagall, le but étant de contrôler la diffusion des contrefaçons, surtout lorsqu’elles sont d’aussi bonne qualité et réussissent à flouer plusieurs acteurs du monde de l’art.