Damien Hirst brûle 5000 de ses peintures, une nouvelle provocation de l'artiste britannique ostentatoire
L’artiste contemporain conceptuel Damien Hirst surfe sur la vague des NFT, très médiatisés en ce moment. Dans le cadre de son projet The Currency, il brûlera près de 5 000 œuvres, dont il ne demeurera que les versions numériques. Quel est le but de cet autodafé, au-delà de faire parler de lui ?
Damien Hirst est un nom qui défraye souvent la chronique de l’actualité du monde de l’art. Ses séries d’œuvres sont connues pour leurs transgressions et leurs provocations systématiques, qui enchantent le marché puisqu’en 2020, Damien Hirst est devenu l’artiste le plus riche du Royaume-Uni, à la tête d’une coquette fortune de plus de 370 millions d’euros.
Cette fois-ci, c’est avec les NFT que Damien Hirst a décidé de jouer. En juillet dernier, l’artiste sulfureux a vendu 10 000 formats A4 à 2 000 dollars de sa fameuse série Spot Painting, en NFT. Chaque version numérique possède un équivalent physique. Il a donné un an aux acheteurs pour faire un choix cornélien : version NFT ou version papier, une seule demeurera, l’autre sera détruite. Nous sommes aujourd’hui arrivés à la fin de l’ultimatum, et les choix se sont répartis assez équitablement : 5 149 acheteurs ont décidé de conserver l’œuvre physique, l'œuvre papier, tandis que 4 851 acquéreurs ont fait le choix de la version immatérielle.
Pour les œuvres dont la version NFT a été choisie, Damien Hirst aura recours à une suppression radicale : elles seront brûlées par l’artiste lui-même, les unes après les autres, tous les jours, au cours d’une exposition à la Newport Street Gallery de Londres commençant le 9 septembre.
La question de l’art et de sa valeur est au centre des projets de Damien Hirst. Déjà en 2007, sa sculpture The Love of God, constituée de plus de 1000 carats et vendue pour 50 millions de livres, avait soulevé de nombreuses réflexions sur le marché de l’art actuel. Damien Hirst revendique ses provocations financières. Avec ce projet, qui lui a rapporté 20 millions de dollars grâce aux ventes, il prend la position médiatique d’une dénonciation cynique du fonctionnement marchand de l’art contemporain, tout en y prenant part, et même en profitant pleinement de ses mécanismes qui l’enrichissent. Alors, Damien Hirst, artiste rebelle, incendiaire et provocateur, ou entrepreneur capitaliste surfant sur les tendances ?