Le Guggenheim attaqué en justice par des héritiers Juifs allemands pour un tableau de Picasso
Se faire traiter de collabo n’est jamais un grand plaisir. Se faire traiter de collabo et en plus devoir 150 millions de dollars encore moins. C’est pourtant ce qui est en train d’arriver au musée Guggenheim de New York, attaqué en justice pour un tableau de Pablo Picasso obtenu dans des conditions, disons, pas réglo réglo. Vous êtes curieux, nous aussi, roh c’est bon ça va, les histoires de spoliation nazie et de musées dans la mouise tout le monde adore ça. Pour mieux comprendre cette affaire, remontons en 1938.
En pleine Seconde Guerre mondiale, Karl et Rosie Adler sont un couple amoureux et chanceux, puisqu’ils détiennent un Picasso de grande qualité. Seul problème, ils sont Juifs, vivent en Allemagne, et bon on ne va pas vous faire un dessin, les choses se gâtent. Karl et Rosie décident alors de quitter le pays et se voient contraints de vendre leur Picasso pour financer le voyage. Face à l’urgence de la situation, ils n’ont pas d’autre choix que de brader le tableau afin de vite déguerpir. L’œuvre inestimable, issue de la période bleue du peintre espagnol et intitulée La Repasseuse, est vendue au collectionneur Justin Thannhauser pour 1552 dollars (32 000 dollars actuels), alors que Karl espérait en obtenir neuf fois plus. À la mort de cet acheteur un poil opportuniste en 1976, l’entièreté de sa collection est reversée au musée Guggenheim. Le tableau de Picasso n’a depuis cessé de prendre de la valeur, d’autant plus depuis la découverte d’une première peinture cachée sous les couches de La Repasseuse.
Bref à cause du régime nazi, le couple Adler a vendu un trésor pour une bouchée de pain, et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs descendants sont bien remontés, décidés à mener la vie dure au musée new-yorkais. Sauf que, comment dire, le Guggenheim s’en tartine, mais alors complètement. Face aux plaintes des héritiers Adler qui souhaitent la restitution du tableau (ou 150 millions de dollars), le musée a répondu « non ». On vous jure, ils n’en ont rien à cirer. Pour l’établissement, il est le propriétaire légal du chef-d’œuvre, un point c’est tout. De plus, le tableau n’est pas accompagné d’une mention signalant son obtention dans un contexte de guerre, comme le voudrait la loi new-yorkaise. Le Guggenheim va-t-il s’en tirer ? Les héritiers vont-ils récupérer le Picasso ? Affaire à suivre !