Exposition Miriam Cahn "Ma pensée sérielle" au Palais de Tokyo : au cœur du scandale
Palais de Tokyo
Jusqu'au 14 mai 2023
En plein scandale, suite à l'accusation de pédopornographie émise par la députée RN Caroline Parmentier, l'exposition Miriam Cahn au Palais de Tokyo fait couler beaucoup d'encre. La toile visée, intitulée Fuck Abstraction, représente de manière graphique et glaciale un garçon faisait une fellation à un homme plus âgé. Face à la polémique, la Ministre de la Culture Rima Abdul Malak a pris la défense de l'artiste suisse, en mettant en avant la volonté de dénonciation des violences sexuelles par une stratégie choc. Découvrons l’œuvre de cette peintre radicale, qui heurte la sensibilité de l'opinion publique.
L'exposition Miriam Cahn au Palais de Tokyo fait l'effet d'un chaos coloré, d'une bombe nucléaire qui aurait éclaté dans l'atelier de l'artiste suisse, éparpillant dessins et peintures aux quatre coins de la pièce. Les œuvres y sont accrochées à même le mur, sans cadre ni quelconque protection, vont parfois jusqu'à joncher le sol, dynamitant l'espace d'exposition. Les obsessions et traumatismes de la peintre surgissent à foison - des scènes d'accouchement, de sexe - souvent brutales et dérangeantes. Si Miriam Cahn emploie des tonalités chimiques, c'est pour mieux dépeindre une vision acide du monde, peuplée d'images aussi vives que cauchemardesques. Expressives et primitives, ses peintures se déclinent selon toutes les tailles, de la plus minuscule à la plus exubérante, toujours dans une volonté dissonante, au sein d'une incarnation parfaite des stridences qui nous entourent.
« Une exposition est une œuvre en soi et je l’envisage comme une performance », a un jour déclaré l'artiste. Malgré les critiques, il faut bien avouer que Miriam Cahn honore à merveille ses paroles, et parvient à instaurer à travers cet accrochage, une rupture à la fois plastique, spatiale, au final cognitive.
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