C’est une armée silencieuse, mais éclatante de présence, qui a pris place dans la Cour d’honneur de l’Assemblée nationale. Dix statues monumentales représentant des femmes pionnières de l’histoire des arts, des lettres, du sport et de la politique s’élèvent désormais comme autant de phares pour éclairer le passé, illuminer le présent et inspirer l’avenir.

Une initiative olympique aux dimensions colossales

Dévoilées lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet dernier, ces sculptures, mesurant près de quatre mètres de hauteur, ne sont pas simplement des œuvres d’art : elles sont des manifestes de reconnaissance, longtemps attendus, pour ces figures féminines qui ont marqué leur époque. Ici, ces dix colosses de résine polymère s’invitent dans un lieu habituellement dédié aux débats politiques, créant un dialogue saisissant entre la force de l’histoire et le combat pour l’égalité.

Fabriquées par impression 3D dans le Pas-de-Calais, ces sculptures incarnent un mélange saisissant de tradition et d’innovation technologique. Chaque statue rend hommage à une femme extraordinaire : de Christine de Pizan – première femme à vivre de sa plume au XIV^e siècle – à Gisèle Halimi, militante acharnée des droits des femmes et pionnière du mouvement « Choisir ».

Dix destins pour défier l’oubli

L’assemblée devient le théâtre d’une rencontre inattendue entre ces dix personnalités qui, de leur vivant, ont souvent dû se battre pour exister dans des mondes dominés par les hommes. Il y a Jeanne Barret, première femme à faire le tour du monde en se travestissant en homme, et Alice Guy, réalisatrice audacieuse des débuts du cinéma. Il y a aussi Alice Milliat, sportive et organisatrice des premiers Jeux mondiaux féminins, et Paulette Nardal, figure de l’internationalisme noir et pionnière intellectuelle. Ce sont des noms qui résonnent comme des appels à la mémoire collective, inscrivant dans le marbre – ou plutôt la résine – le combat incessant pour la visibilité des femmes.

Une exposition éphémère qui marquera les esprits

L’installation, ouverte au grand public du 23 septembre au 5 octobre 2024, offre une occasion unique de découvrir ces œuvres monumentales dans un cadre prestigieux et inattendu. La billetterie, déjà prise d’assaut par les curieux et les passionnés d’histoire, promet un succès retentissant pour cet événement hors norme.

Pour les 10 000 visiteurs inscrits aux Journées européennes du patrimoine, les 21 et 22 septembre, l’expérience sera un premier aperçu de cette galerie à ciel ouvert qui transforme la Cour d’honneur en un espace d’hommage et de réflexion.

En plaçant les femmes au cœur du pouvoir législatif français, l’installation devient un plaidoyer silencieux mais puissant pour l’inclusion et l’égalité des genres, rappelant que l’histoire, longtemps écrite au masculin, se doit aujourd’hui de célébrer ses héroïnes.

Ces dix statues ne sont pas seulement des œuvres d’art, elles sont les échos vivants d’une histoire trop souvent oubliée. À travers elles, c’est tout un pan de notre patrimoine qui s’élève, enfin reconnu, dans la lumière éclatante des projecteurs de l’Assemblée nationale. Une reconnaissance tardive, mais ô combien nécessaire, pour ces femmes qui, par leur courage et leur détermination, continuent d’inspirer les générations futures.

ASSEMBLÉE NATIONALE
Jusqu'au 5 octobre 2024
Gratuit sur inscription
Je prends mon billet