Exposition Paul Durand-Ruel et le Post-impressionnisme à la Propriété Caillebotte
Propriété Caillebotte
Du 19 mai au 14 novembre 2021
La palette est claire, les couleurs, vives, tandis que la facture elle, est d’une grande simplicité. Albert André, Georges d’Espagnat, Maxime Maufra, Gustave Loiseau et Henry Moret forment la « troisième génération Durand-Ruel » qui succéda à ses aînés, Pissaro, Monet et Renoir. Lorsque Paul Durand-Ruel les prend sous son aile, il a déjà soixante ans et la carrière prestigieuse d’un collectionneur qui a fait ses preuves. C’est lui qui a su déceler le génie impressionniste du premier groupe d’amis, qui était alors encore loin de faire l’unanimité du public et dont se moquait la critique dans cette société bourgeoise des années 1870. Autre temps autres mœurs : l’aube du XIXe siècle voit se lever un jour nouveau sur le style original des protégés du marchand d’art et le goût du public, qui a beaucoup évolué, fait un bon accueil à ces prodiges de la peinture. La couleur triomphante de ces paysages bretons et méditerranéens, la douceur voluptueuse des nus à la chair tendre et la beauté évanescente des natures mortes de ces coloristes enchantent les salons parisiens, dans cette collection merveilleuse où règne la couleur, auguste et triomphante.
Focus sur… Georges d’Espagnat, Crique au Lavandou, 1899
Georges d’Espagnat peint cette toile à son retour du Maroc, qu’il a visité en 1898. Séduit par le charme de cette petite ville du Var sur les rivages de la Méditerranée, il réalise au tournant du siècle plusieurs toiles du Lavandou. Sa manière singulière, qui emprunte au dessin synthétisé et à la touche légèrement empâtée et délibérément désordonnée de Gaugin, situe son œuvre entre les Fauves et les Nabis, qu’il côtoie sans cependant y adhérer.
Le saviez-vous ?
Paul Durand naît à Paris en 1831 dans une famille bourgeoise du Second Empire. Ses parents, Jean Durand et Marie Ruel, sont marchands d’art. Forcé de renoncer à la carrière militaire dont il rêvait pour des raisons de santé, il se résigne à rejoindre le commerce familial où il commence à rencontrer artistes et collectionneurs venus du monde entier, passant à la galerie à l’occasion des salons et autres expositions officielles. « Cette collection impressionniste, dit-il, ne me félicitez pas de l’avoir réunie […] : c’est aux amateurs qu’il faut en savoir gré. D’un peintre donné quels tableaux les rebutent d’abord ? Ceux où abondent ces prétendus défauts qu’on appelle plus tard qualités caractéristiques. Quand j’avais trop longtemps tenu à leur disposition un tableau de cette sorte, impatienté je l’emportais chez moi. D’où la présence ici de tant d’œuvres fortement originales. », rapporte Félix Fénéon dans son Bulletin de la vie artistique du 15 avril 1920.