Musées fermés : et si on en profitait pour redécouvrir les chefs-d’œuvre de nos églises ?

Bonne nouvelle pour les amateurs d'art en mal de sorties dans les galeries et expositions : les lieux de culte restent ouverts ! Quel rapport nous diriez-vous ? Les églises abritent des chefs-d’œuvre parfois méconnus et deviennent à elles seules de véritables musées. Et si ce confinement était l'occasion d'ouvrir les yeux et de découvrir ce qui était là, mais qu'on ne voyait pas ? Voici notre sélection, à admirer, pourquoi pas, sur fond de Palestrina.

Eugène Delacroix (1798 – 1863) dans les églises de Paris

 

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L'église Saint-Sulpice, dans le 6e arrondissement de Paris, abrite trois sublimes toiles du maître : Héliodore chassé du temple et Le combat de Jacob avec l’ange dans la chapelle des Saints-Anges (première à droite en entrant) et Saint Michel terrassant le démon, au plafond. A celles-ci s'ajoutent les trésors liturgiques de l'église, la méridienne, appareil de mesure astronomique, ainsi que de magnifiques peintures murales et sculptures, dont une sublime Vierge à l'Enfant de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785) et autres réalisations d’ébénisterie, dont la chaire et les orgues.

Saint-Paul-Saint-Louis est un magnifique édifice du 4e arrondissement érigé selon les codes de l'architecture jésuite en réaction à la Réforme, qui abrite Le Christ au Mont des Oliviers, peint par Delacroix en 1827. L'imposante toile, de 2,94 sur 3,62 mètres, figure une scène que relatent les évangiles de Matthieu (26, 36-44), Marc (14, 32-40) et Luc (22, 39-46) : Jésus, après la Cène et avant son arrestation, se rend au mont des Oliviers, une colline de Jérusalem, pour prier. On distingue ici les trois disciples qu'il prend avec lui, Pierre, Jacques et Jean. Au loin, surgit la troupe de soldats envoyés pour l'arrêter et à droite, trois anges affligés. La toile fut commandée en 1824 par le préfet de la Seine, le comte de Chabrol pour orner le transept gauche de l'église où elle est encore visible aujourd'hui. Restaurée en 2018, elle fut présentée la même année au Louvre puis au Metropolitan Museum de New York, dans le cadre de l’exposition Delacroix.

Saint-Denys-du-Saint-Sacrement, dans le 3e arrondissement, abrite quant à elle La Pietà de Delacroix. Baudelaire la décrit en ces termes dans ses Curiosités esthétiques : « la majestueuse reine des douleurs tient sur ses genoux le corps de son enfant mort, les deux bras étendus horizontalement dans un accès de désespoir, une attaque de nerfs maternelle. L’un des deux personnages qui soutient et modère sa douleur est éploré comme les figures les plus lamentables de l’Hamlet, avec laquelle œuvre celle-ci a du reste plus d’un rapport. Des deux saintes femmes, la première rampe convulsivement à terre, encore revêtue des bijoux et des insignes du luxe ; l’autre, blonde et dorée, s’affaisse plus mollement sous le poids énorme de son désespoir. ». Elle fut commandée par le comte de Rambuteau, alors préfet de Paris, en 1840.

L’Église Saint-François-Xavier

 

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Construite sous le Second Empire dans un style néo-byzantin, cette église du 7e arrondissement est à elle seule un véritable joyau. Outre son architecture, sa coupole et son chœur foisonnant de détails picturaux d'une facture exceptionnelle, elle abrite également deux œuvres majeures. La première est La Cène de Tintoret. Composée en 1559, elle représente le Christ lors de son dernier repas. On distingue les apôtres Pierre (à sa droite) et Jean (à sa gauche), ainsi que Judas dissimulant une bourse. Originellement conçue pour la Scuola del Santissimo Sacramento de l’église San Felice à Venise, la toile rejoint ensuite les collections de la duchesse de Berry jusqu'en 1865 avant de venir orner l'église grâce à une donation de la baronne du Teil.

On peut également y admirer une composition de Lubin Baugin (1610-1663), La Vierge et l’Enfant. La toile monumentale (218 x 140 cm) se trouvait jusqu'à la Révolution dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, sur l’autel de la chapelle Sainte-Geneviève. Le musée Napoléon le mit en dépôt l’église Saint-Roch en 1812, avant de la faire rejoindre la sacristie de Saint-François-Xavier.

Florilège des merveilles sacrées

 

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Ary Scheffer, Carle Van Loo, Zurbarán, Le Guerchin, Dorigny... Plus une minute à perdre avant de courir s'émerveiller dans nos églises, le temps d'une halte aussi douce pour l'âme que pour le cœur, dans ces musées gratuits et ouverts à tous, sans exception.

Le saviez-vous ?

La ville de Paris compte 139 églises, dont 85 églises catholiques et 43 monuments classées. Certaines d'entre elles appartiennent à des communautés religieuses, mais la cathédrale Notre-Dame est propriété de l’État. Depuis 1905 et la loi de séparation des Églises et de l’État, les 75 édifices cultuels construits au XXe siècle demeurent propriété de l’Église. L'inventaire de 1981 de la ville de Paris a établi que son patrimoine cultuel regroupe plus de 30 000 œuvres d’art réparties dans une centaine d’édifices (églises, temples et synagogues), pour seulement 500 statues dans le domaine civil (squares, parcs, jardins et places).


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