Du Charbon dans les Veines : Jean-Philippe Daguerre rallume la flamme du théâtre populaire
Théâtre du Palais Royal
Du 6 septembre au 21 décembre 2025
On croyait avoir tout dit sur les gueules noires, la poussière du fond, les pigeons voyageurs et les dimanches à l’accordéon. Mais Jean-Philippe Daguerre, auréolé de ses 5 Molières 2025, prouve avec Du Charbon dans les Veines qu’il suffit d’un peu de tendresse, d’une bonne réplique et d’un regard juste pour raviver la mémoire d’un monde disparu – et toucher en plein cœur.
Nous sommes à Nœux-les-Mines, en 1958. Le petit Raymond Kopa brille en Suède, mais ici, dans le Nord, on vit toujours à l’ombre du puits. Sosthène, philosophe de comptoir et ancien mineur rongé par la silicose, s’offre une télé en noir et blanc. Son fils Pierre et son ami Vlad, encore à la mine, jouent de l’accordéon dans l’orchestre local. Et c’est dans cette routine joyeuse, rythmée par le foot, le vin blanc et les refrains populaires, qu’un grain de sable – ou plutôt une jeune femme et son accordéon – vient bouleverser l’équilibre. Sur scène, tout respire la vie. Les dialogues claquent, les silences émeuvent, les rires surgissent au détour d’une blague sur les pigeons ou d’un regard trop long. La force de Daguerre réside dans cette capacité rare à mêler le quotidien et la grande Histoire, sans jamais peser.
Il n’explique pas, il montre. Il n’appuie pas, il fait ressentir. La troupe, remarquable d’humanité et de précision, porte le texte avec une générosité communicative. On retrouve Juliette Behar – Molière de la révélation féminine – lumineuse, fière, bouleversante. Raphaëlle Cambray, récompensée elle aussi, impose sa grâce sans fioriture. Et les autres, tous en alternance, composent une galerie de personnages à la fois hauts en couleur et profondément justes. Mention spéciale à la scénographie d’Antoine Milian, délicate et évocatrice, qui fait exister la mine, le bistrot, la salle de bal – et la tendresse. On sort de ce spectacle le cœur un peu serré et le sourire aux lèvres, avec la sensation d’avoir été accueilli, bercé, puis doucement transformé. Il y a dans cette pièce une pudeur rare, un humour populaire jamais vulgaire, une mélancolie douce, un humanisme généreux. Le théâtre comme on l’aime : accessible, vibrant, essentiel.
Distribution (en alternance) :
Jean-Jacques Vanier ou Didier Brice, Aladin Reibel ou Christian Mulot, Raphaëlle Cambray ou Sophie Artur, Théo Dusoulié ou Basile Alaïmalaïs, Julien Ratel ou Arnaud Dupont, Juliette Behar ou Yasmine Haller ou Garance Bocobza, Jean-Philippe Daguerre ou Philippe Maymat
Théâtre du Palais-Royal
Du 6 septembre au 21 décembre 2025
38 rue de Montpensier, 75001
Mardi et jeudi à 20h30 - Samedi à 19h - Dimanche à 15h30
Durée : 1h20
De 28 € à 54 € - Tarif jeune : 10 € (mardi et jeudi, 1h avant la séance au guichet)
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