Voilà une exposition que l’on n’attendait pas ! Le musée du Louvre met à l’honneur Les Choses ; comprenez la nature morte, ce genre pictural longtemps déconsidéré dans l’Histoire de l’art mais qui renferme d’innombrables trésors à travers les siècles. Il faut dire que tous les artistes ou presque s’y sont essayés. Goya, Manet, Van Gogh, De Chirico... L’institution parisienne dévoile leurs interprétations tour à tour flamboyantes et inquiétantes de cette nature inanimée, dont l’appellation « nature morte » apparue dans l’Antiquité, oubliée au Moyen- Âge et revenue en grâce à la Renaissance, ne parvient pas toujours à exprimer les spécificités de cet art vivant fait de bric et de broc, d’objets divers, de carcasses et de fleurs. À travers la présentation de près de 170 chefs-d’œuvre alléchants, l’exposition nous invite à la fois à profiter des plaisirs terrestres et à méditer sur la fugacité de l’existence, illustrée ici par la décrépitude de toutes ces choses périssables cristallisées aussi bien par Chardin que Valérie Belin. Dans cet éternel dialogue entre passé et présent, le musée nous parle avant tout d’abondance et de rareté, de matérialisme et de croyance, nous prouvant de cette façon que la nature morte reste l’une des plus belles évocations artistiques de la vie dans tout ce qu’elle contient.

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La nature morte selon Arcimboldo
Au XVIᵉ siècle, Arcimboldo brouille les frontières entre les espèces et les règnes. Le peintre milanais compose notamment cette célébrissime série de natures mortes anthropomorphes, portraits allégoriques surprenants d’invention et de vraisemblance alors que ceux-ci sont le fruit d’assemblages éclectiques de fleurs et de légumes de saison. Grâce à ces têtes composées, l’artiste impose sa vision métaphorique des « choses » en peinture.

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Douce vanité
Parfaite illustration de l’Âge d’or hollandais, cette nature morte constitue un chef-d’œuvre d’élégance et de raffinement pour l’époque. Son auteur, Balthasar van der Ast, en a fait sa spécialité, agrémentant ses compositions de précieuses vanités. L’artiste croque ainsi entre les pommes de petits insectes venus picorer les fruits tandis qu’une série de coquillages exotiques, symboles de luxure et de volupté, s’invitent sur la table.

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Nature morte 2.0




En 2001, la réalisatrice et photographe britannique Sam Taylor-Wood réinterprète le thème de la nature morte dans un film de 3 min 44. Le temps pour l’artiste d’immortaliser en accéléré la lente décomposition d’un plateau de fruits frais dont il ne reste quasiment plus rien à la fin. De la composition initiale aux courbes parfaites ne subsiste qu’une masse inerte, informe et grisâtre. Un stylo bille, posé à côté et demeuré intact, nous renvoie au monde contemporain.