Découverte - Des comédiens qui n'ont pas froid (aux yeux)

L'humanité dans toute sa splendeur //

 

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Il s'agit d'une performance d'artistes originale, dérangeante, voire gênante selon ce que chacun peut être amené à supporter, qui s'est déroulée au théâtre Anthéa, à Antibes, le mois dernier. Le spectacle Bestie di Scena, la dernière oeuvre d’Emma Dante, nouvelle coqueluche du Festival d’Avignon, n'est pas sans rappeler le "Sacre du Printemps" de Pina Bausch. Ici, pas de texte, pas de décor ni de costumes ou même de musique - à part « Only You » entonnée par les Platters à deux reprises. Seuls 14 acteurs plus ou moins jeunes, plus ou moins gros ou maigres, petits ou grands, affrontent la condition humaine dans la plus grande nudité, après s'être dévêtus sous le regard des spectateurs. Ils deviennent ainsi des êtres humains à l’état primitif et réagissent à l’irruption d’objets lancés sur la scène par une main invisible : pétards, ballons, vêtements... Dans ce cadre, point de vulgarité mais tantôt de la pudeur, tantôt de l’exubérance.

Emma Dante bouleverse les conventions du théâtre, c'est le moins que l'on puisse dire. Le corps devient le medium principal pour exprimer son art. Cette pièce, qui se rapproche d'une grande scène chorégraphique, invite son spectateur à réfléchir à la fiction théâtrale. Les avis sont partagés et c'est bien la visée de l'art.