Passée au crible : Foujita les années folles

Musée Maillol
Du 7 mars au 15 juillet 2018

Jusqu'au 15 juillet 2018 -
Musée Maillol //

Un peintre injustement oublié ?

Découvrir Foujita, c’est plonger au cœur des années folles et admirer, nous dit-on, « l’œuvre lumineuse et rare du plus oriental des peintres de Montparnasse ». La question demeure alors : pourquoi l’a-t-on si vite oublié ? L’exposition nous présente davantage un dandy excentrique et égocentrique qu’un réel talent. Même s’il est vrai que l’on s’attache à ses lignes fluides et calligraphiques, à la finesse de ses fonds à la feuille d’or et à son traité du blanc, décliné dans une infinité de nuances délicates, l’œuvre est vite écrasée par l’égo du personnage. Un homme ambitieux que rien n’arrête, qui rencontrera Picasso le jour-même de son arrivée à Paris, deviendra le pilier de toute soirée mondaine réussie par ses fantaisies et ses extravagances, soignant son image dans un look de néo dandy à la drôle de frimousse.

Foujita est richissime à l’époque. Ses toiles s’arrachent à prix d’or, et plus précisément ses chats. Ces dames de la belle société raffolent de son style exotique, et rêvent d’un portrait de leur matou adoré peint par le peintre en vogue. Foujita est un bourreau des cœurs qui se mariera avec sa première épouse à peine 13 jours après l’avoir rencontrée et épousera par la suite quatre autres femmes… Foujita aime sa personne, encore plus que les femmes, ne se lassant jamais de réaliser des autoportraits, peints, gravés, sculptés, photographiés… Frôlant la perte d’humilité jusqu’à se faire baptiser Léonard Foujita en hommage à Léonard de Vinci.

Reste que la partie de l’exposition qui nous a le plus touchés, c’est assurément sa période « Youki », nom qu’il donna à l’élue de son cœur - Lucie Badoud - signifiant « neige rose » en hommage à la pâleur de sa peau. Les séries de nus représentant Youki témoignent d’une atmosphère douce et suave, propice à la création, la vraie, dénuée de considérations matérielles. L’artiste redevient homme, livrant peut- être dans ses œuvres un mal du pays indomptable, les stigmates d’une vie parisienne riche et décadente, les fluctuations de l’amour et de l’existence.