Roubaix - L'Algérie de Gustave Guillaumet

La Piscine, Musée d’Art et d’Industrie André Diligent
Du 9 mars au 2 juin 2019

Du 9 mars au 2 juin 2019 -
La Piscine, Musée d'art et d'industrie André Diligent

La Piscine de Roubaix se met à l’heure de l’Orientalisme en exposant- pour la première fois depuis 120 ans un illustre peintre, injustement oublié, hommage ici à Gustave Guillaumet.

Mais un peintre orientaliste, c’est vite dit. Rien de voyeur dans ses œuvres, rien d’exotique non plus, le voyage ressemble davantage à un reportage qu’à un Orient rêvé et fantasmé comme ça se faisait à l’époque. Nous sommes dans les années 1860 et notre artiste succombe aux charmes des paysages d’Algérie, puis se prend d’affection pour son peuple, ses modes de vie, ses oppressions aussi, sujet ô combien sensible aujourd’hui comme hier.  Si l’artiste est éperdument épris des grands espaces, des lumières si particulières et du désert abyssal, il l’est aussi du peuple algérien et de ses conditions de vie aux premiers temps du joug colonial. Guillaumet est ici une véritable révélation, artistique, et, historique.

Sa peinture est empreinte d’honnêteté, de lucidité, d’empathie aussi, il ne cherche pas à embellir la réalité, il ne cherche pas non plus à dramatiser la situation, il documente un état de fait, avec le talent d’un grand peintre, comme plus tard d’autres le feront en photo-journalisme.

Plaire n’est absolument pas son soucis, même si évidemment, les foudres des critiques et du public de l’époque le toucheront, peut-être même jusqu’à le mener à son suicide à 47 ans à peine… Car notre artiste est éminemment sensible, telle une éponge émotionnelle, il s’imprègne du quotidien d’habitants qu’il côtoiera lors d’une bonne dizaine de longs séjours. C’est assurément lui qui les connait le mieux, allant même jusqu’à être autorisé à entrer dans les intérieurs, ce que seul Delacroix avait pu faire auparavant… Pas étonnant donc que ses peintures ne ressemblent à aucune autre. Il nous livre des images à couper le souffle, ces femmes algériennes maîtresses en leur demeure, des scènes de genre loin des harems fantasmés en son temps.

Et il ira plus loin, certains diront même à l’époque beaucoup trop loin, en osant faire de la grande peinture d’Histoire insubordonnée… là encore dans la veine de Delacroix. Son œuvre monumentale, Famine, coûtera cher à son image et à sa notoriété, osant dénoncer la misère humaine et la répression réelle d’une période coloniale que la propagande présentait comme une pacification… C’est la seule œuvre connue à ce jour qui témoigne du drame de cette année 1868, durant laquelle un tiers de la population algérienne périra, frappée par la faim et les épidémies. Face à la virulence sans précédent de la critique à l’égard de son œuvre, monumentale, Guillaumet abandonnera dès lors les représentations historiques et leur préfèrera les paysages nus et désertiques, baignés d’une lumière chaude. Cette œuvre est à admirer ici, tout juste restaurée grâce à une générosité publique rarement vue.

Guillaumet se place en observateur attentif de la vie modeste et rurale, portant un regard respectueux et lucide sur ces berbères, scènes de prière, tisseuses et porteuses d'eau, enfants et vieillards œuvrant à un pénible labeur dans des conditions rudimentaires… Une peinture émouvante et subtile, sans jamais tomber dans le misérabilisme ou la condescendance.

On découvrira non seulement un peintre hors-pair mais aussi un dessinateur de génie, un véritable maître du trait. Une exposition qui pose un regard singulier sur l’Algérie, son histoire, grande et petite, loin des clichés enchanteurs de la peinture orientaliste, au travers de tableaux monumentaux, d’huiles sur toile, de pastels, croquis, au total plus de 130 œuvres d’un peintre authentique et engagé, fasciné par l'Algérie, la vraie, l’éternelle.

Cette exposition a reçu le label "exposition d'intérêt national", attribué par le ministère de la Culture, qui récompense chaque année les musées de France qui mettent en œuvre un projet d'exposition remarquable.

 

 

 

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UN ORIENTALISME DIFFÉRENT

La Piscine s’associa avec les musées de La Rochelle et de Limoges pour rendre hommage à Gustave Guillaumet, l’une des figures les plus marquantes de la peinture orientaliste française du XIXe siècle. Pour la première rétrospective dédiée à l’artiste depuis 1899, le parcours se focalise sur l’Algérie vue par Gustave Guillaumet, aux premiers temps du joug colonial. D’intérêt national, l’exposition a été labellisée par le ministère de la Culture.

Né le 25 mars 1840, Gustave Guillaumet découvre l’Algérie par hasard, alors qu’il devait comme de nombreux peintres se rendre en Italie. Une véritable révélation pour cet artiste naturaliste, épris des grands espaces désertiques et ses habitants, avec qui il a vécu en s’imprégnant des us et coutumes. Il a d’ailleurs été le premier artiste, en- dehors des Femmes d’Alger de Delacroix, à pénétrer dans l’intimité des lieux réservés aux femmes, et à en révéler la réalité, au-delà des fantasmes de harem qui règnent à son époque. Un orientalisme différent, rompant avec les représentations très exotiques de l’époque, il se fait témoin singulier des conséquences dramatiques de la colonisation.

L’exposition révèle de nombreuses œuvres méconnues, notamment des tableaux de Salons qui marquèrent leur époque, ainsi que des toiles révélant le véritable trait du maître. Elle apporte un éclairage nouveau sur la peinture du genre et enrichit profondément la découverte algérienne de l’époque.

Les photos de l'exposition :

 

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