Rouge, l'art au pays des Soviets

Grand Palais
Du 20 mars au 1er juillet 2019

Le Grand Palais nous propose une exposition inédite sur l’art au temps de l’Union soviétique… Dit comme ça, l’enthousiasme pourrait nous manquer un peu, quoi que. Une exposition qui mêle art, histoire et évidemment politique, cela vaut la peine de s’y pencher. Et nous entrons ici effectivement dans un livre d’Histoire illustré par les artistes de l’époque, la première page s’écrit en 1917, nous sommes au lendemain de la Révolution d’Octobre, et nous allons nous laisser porter jusqu’en 1953, année de la mort de Staline. La question que l’on se pose, c’est véritablement comment le projet de société communiste et le régime soviétique ont réussi à engendrer des formes d’art nouvelles et spécifiques. Plus de 400 œuvres sont ici exposées, dans tous les domaines des arts visuels : peinture, sculpture, architecture, photographie, cinéma, design… des œuvres pour la plupart jamais montrées en France qui nous démontrent – s’il en était besoin – que ces 35 années n’ont pas été linéaires et que l’art est aussi bien un outil d’expression que de propagande.

 

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Dans les années 1920, c’est l’explosion des avant-gardes, nos artistes portés par un nouvel élan social,  sont emballés par le renversement du régime tsariste par le peuple bolchévique. Ils contribuent à leur manière à la diffusion de cette nouvelle vision du monde, à son expression formelle, à l’édification du socialisme et à la transformation du mode de vie des masses. Une nouvelle forme de propagande révolutionnaire, pour les masses et par l’art. Concrètement, abandonner toutes formes d'art "bourgeois" au profit d'un "art de la production", un art utile, efficace, qui prône les valeurs de cette société nouvelle. La peinture est progressivement délaissée, pour des formes artistiques ayant un impact sur la vie comme le design, le cinéma et le théâtre. L'artiste devient le producteur d'objets utilitaires. On rêve d’un autre monde, avec des projets utopiques comme la "cité volante" de Georgii Krutikov , le club ouvrier d’Alexandre Rodtchenko, reconstitué ici, la Tour Tatline, qui restera au stade de projet.

Mais le vent va tourner, et  dès les années 1930, la liberté artistique se réduit avec la mise en place du régime stalinien. C’est l’affirmation d’un dogme esthétique de plus en plus radical, au service de l’idéologie socialiste, qui régit progressivement tous les domaines de la création.

C’en est fini du pluralisme dans l’art, ou de l’art fonctionnel, le mot d’ordre c’est l’optimisme. Et le message doit être compréhensible immédiatement par tous. Comprenez par là des formes simples et figuratives. On parle du réalisme socialiste, qui doit prôner l’image heureuse des mondes ouvrier et paysan, l’épanouissement au travail, de la valorisation d’un corps musclé, sportif et travailleur. On rêve de projets architecturaux prestigieux, pharaoniques même, richement ornementés, à la hauteur des ambitions socialistes.

A peine une décennie plus tard, à la fin des années 1930, le "réalisme socialiste" prendra une forme encore plus littérale, celle de grandes peintures d’Histoire, de faction académique, présentant les figures d’état - Lénine et Staline - comme des héros mythifiés.

L'Histoire se réécrit alors dans des tableaux de propagande, assujettis à l’idéologie du régime. Après avoir valorisé le travail et la production, nos artistes sont devenus des machines à produire des images d’état, sous peine de répression massive. On comprendra dès lors mieux l’austérité croissante de l’accrochage, et l’expression toute contrainte des styles artistiques au fil des années, s’éloignant progressivement d’une création foisonnante et libre.

Alexandre Deïneka, Youri Pimenov, Alexandre Samokhvalov, Alexeï Pakhomov , Alexandre Rodtchenko, Kazimir Malevitch, Gustav Klutsis, Sergueï Eisenstein, Varvara Stepanova…

 

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ART DE PROPAGANDE 

En octobre 1917, le dernier Tsar russe Nicolas II est assassiné avec toute sa famille par les bolchéviques, mettant ainsi fin au régime impérial en place depuis plus de quatre siècles. Cette révolution a été un réel bouleversement pour la Russie et s’est considérablement répercutée sur l’art. L’exposition nous invite à plonger dans l’histoire de l’Union soviétique et à comprendre la façon dont l’expression artistique s’est confrontée aux contraintes idéologiques après la Révolution. De nombreux artistes comme Gustav Klutsis ou Alexandre Rodtchenko sont enthousiasmés par ce nouveau régime socialiste et veulent participer grâce à leurs œuvres à l’édification de cette nouvelle société. Mais qu’est-ce que doit être l’art socialiste ? Ils décident d’abandonner toutes formes d’art que l’on peut qualifier de « bourgeoises » au profit d’un « art de production » et créent ainsi un art politique nouveau et avant-garde. Malheureusement, la mise en place du régime stalinien à la fin des années 1920 restreint la liberté des artistes et le pluralisme dans l’art en le réduisant à l’une des formes les plus simples : la figuration qui est considérée comme la plus apte à pénétrer les masses pour leur montrer le modèle du nouvel homme socialiste et pour implanter les idées communistes dans leurs esprits. Des artistes comme Alexandre Deïneka ou Alexeï Pakhomov réalisent des peintures monumentales qui célèbrent des héros idéalisés et mettent en avant le travail, le bonheur du peuple et l’avenir radieux de la Russie. Découvrez comment l’art de ce pays a été placé sous le joug du pouvoir politique et entièrement assujetti à l’idéologie d’un chef complètement déifié dans des représentations qui recyclent les codes de la peinture d’histoire.

The exhibition shows us how art was put at the service of the propaganda of the new Soviet regime set up after the October Revolution of 1917.


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