Mondrian figuratif

Musée Marmottan Monet
Du 12 septembre 2019 au 26 janvier 2020





Une exposition sur Mondrian, cela a de quoi faire déplacer les foules ! On s’y voit déjà, ses formes abstraites, ses compositions géométriques faites de couleurs primaires, bleu, rouge, jaune, noir et blanc. Oui mais Mondrian n’a pas toujours été abstrait. Loin de là. Il était même un peintre figuratif incroyable.

C’est une première, près de 70 toiles de l’artiste ont fait le chemin jusqu’à nous depuis les Pays-Bas - dont la moitié sont présentées pour la première fois à Paris - pour nous faire re-découvrir cet artiste à la notoriété universelle. Et quels chefs-d’œuvre ! D’emblée, nous sommes accueillis par sa célèbre toile Composition N°IV. Pas dépaysé donc. Mais face à elle, une peinture étonnamment figurative… Le Lièvre Mort (1891), une nature morte dans la pure « tradition » hollandaise, le plus ancien tableau connu de l’artiste. Ce qui nous frappe ici c’est le caractère presque « classique » de ses paysages et natures mortes, assez réalistes finalement, presque en retard par rapport aux Impressionnistes français – nous sommes près de 20 ans plus tard – ou aux œuvres torturées de Van Gogh… Pourtant, on le croyait plus audacieux, lui qui a su résumer comme personne la beauté de la nature dans un damier aléatoire. Mais le vrai coup d’éclat de cette exposition n’est pas de nous faire découvrir une facette nouvelle de l’artiste, celle d’un peintre académique hors-pair. Non. Ce que l’on découvre ici, c’est d’où vient cette abstraction inimitable qui fait désormais sa signature dans le monde entier.

En 1907, Mondrian a une révélation qui changera le sens de sa peinture, il considère alors que "les couleurs de la nature ne peuvent être imitées sur la toile". Sa nouvelle ligne de conduite : abandonner la couleur naturelle au profit de la couleur pure. C'est décidé, exit les tonalités tièdes, il ose les contrastes et le choc des couleurs, car c’est là qu’est la vie. Ses moulins en sont la magnifique incarnation, réunis ici, de manière absolument inédite. On commence cette série époustouflante avec le Moulin dans la clarté du soleil (1908) qui sort pour la dernière fois de son musée en raison de son immense fragilité. Aucune chance de le revoir un jour en France après cette exposition… Et l’artiste continuera à trancher encore et toujours davantage ses couleurs, comme dans Moulin dans le crépuscule (1907-1908) ou dans son Bois près d’Oele (1908). Crescendo donc. On peut ensuite admirer le Moulin (1911) éclatant sur un fond bleu vif et électrique. A côté de ces moulins éclatants, des fermes sont représentées, dans une palette brumeuse, aux effets atmosphériques, froide… Mais pourquoi donc alors qu’il adopte la couleur pure comme ligne directrice, nous offre-t-il ces tonalités ocre ?

L’artiste répond ici à la vague cubiste qui envahit la scène artistique de l’époque, sous l’impulsion de Braque et Picasso. Les influences continuent du côté des portraits, avec notamment Dévotion (1908) qui vient rappeler le travail de Van Gogh. Il faudra attendre 1914 pour que Piet Mondrian peigne ses premiers tableaux abstraits. En une vingtaine d'années, notre artiste est passé d'un réalisme scrupuleux au cubisme, puis à l'abstraction. Cette découverte nous est offerte par son plus fervent admirateur, son plus grand collectionneur et son éternel ami, celui qui – avant tout le monde – a su repérer le talent d’un artiste incomparable, Slijper, qui lui a acheté l’intégralité des toiles de son atelier en 1919, une offre qui ne se refusait pas à l’époque pour un peintre encore trop peu reconnu.

 

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UNE HISTOIRE INCONNUE

Reconnu comme le maître néerlandais de l’abstraction, on connaît peu l’aspect figuratif de l’œuvre de Piet Mondrian. À cette époque où le peintre ne parvenait pas à vivre de son travail, c’est sa rencontre avec son mécène qui va lui ouvrir des perspectives et lui permettre de financer son retour à Paris, où il se dirigera vers des formes plus géométriques, inspirées du cubisme de Braque et Picasso annonçant son goût pour l’abstraction. Ses toiles figuratives sont alors détenues par son ami collectionneur Salomon Slijper, épris de passion pour cet aspect essentiel de son œuvre, que l’on retrouve au musée de La Haye, qui a noué un prêt exceptionnel pour cet accrochage.

Ce sont 67 Mondrian qui sont révélés pour la première fois sous nos yeux à Paris, dont certains qu’il ne faut absolument pas manquer puisqu’ils ne voyageront qu’une seule fois en raison de leur fragilité. C’est le cas de l’iconique Moulin dans la clarté du soleil (1908) aux couleurs contrastées et vibrantes. Ses premiers paysages le rattachent à l’école de La Haye pour l’attention portée à l’atmosphère, par ses clair-obscur de la région vallonnée du Gooi à l’est d’Amsterdam. Pourtant son évolution fulgurante va prendre des tournures inattendues au fil de la déambulation.  Bien que Mondrian se limite dans ses thèmes – le moulin, l’arbre, la ferme, la fleur et le portrait – sa technique va s’emparer d’une modernité incroyable en privilégiant des aplats de couleurs aux tonalités franches et aux lignes courbes, ses arabesques, qui confèrent une aura mystique à ses œuvres.

Mondrian se dépeint d’ailleurs lui-même comme un illuminé : trois autoportraits le montrent à l’âge de trente-six ans, cheveux longs, barbe noire et regard pénétrant des êtres habités, comme ceux que l’on retrouve dans ses portraits d’enfants à la portée très spirituelle. Rayonnantes, les toiles de Mondrian sont portées par l’exaltation d’une jeunesse inspirante et inspirée.





 

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Recognized as the Dutch master of abstraction, little is known about the figurative aspect of Piet Mondrian's work : an amazing vibrant and radiant painting !


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