Meret Oppenheim, Leonor Fini, Claude Cahun … Le surréalisme au féminin
Arte retrace le parcours de cinq artistes surréalistes qui se sont battues pour ne pas être cantonnées au rôle de muse : Lee Miller, Leonor Fini, Leonora Carrington, Claude Cahun et Meret Oppenheim.
Dora Maar est l’une des rares femmes artistes surréalistes à être connues du grand public. Et pourtant, le mouvement surréaliste, fondé par André Breton en 1924, a compté de nombreuses femmes parmi ses rangs. Souvent cantonnées au rôle de muse, de modèle ou d’amante, les femmes surréalistes n’en demeurent pas moins des artistes à part entière qui ont apporté leur pierre à l’édifice du mouvement. Le surréalisme au féminin retrace le parcours de cinq d’elles qui se sont battues pour se faire une place dans la société et dans le monde de l’art, réévaluant par la même occasion leur apport au surréalisme.
Si les femmes occupaient une place prépondérante dans l’imaginaire surréaliste, elles étaient rarement considérées par les membres du groupe comme des égales. Beaucoup d’entre-elles, bien que déjà artistes pour certaines, font leur entrée dans le mouvement en tant que modèle ou muse, comme Lee Miller, ancienne top model américaine qui devient l’assistante de Man Ray. Parallèlement à sa collaboration avec le photographe, avec qui elle découvre conjointement le processus de solarisation, elle réalise ses propres clichés, transformant les banalités du quotidien en instants exceptionnels.
Meret Oppenheim n’a pas attendu de rencontrer les Surréalistes pour commencer à créer. En Suisse déjà, elle détourne des objets pour créer des sculptures surprenantes qui rappellent l’absurdité de la démarche surréaliste. Son Déjeuner en fourrure, assemblage d’une tasse, d’une soucoupe et d’une petite cuillère recouvertes de fourrure de gazelle, en offre un exemple saisissant. Mais les artistes du groupe retiendront surtout sa beauté androgyne.
C’est par le biais de Max Ernst, son compagnon, que Leonora Carington est introduite dans le cercle surréaliste. Ses tableaux fantaisistes, qui font la part belle au monde des rêves – et des cauchemars – n’ont rien à envier aux paysages torturés d’un Salvador Dali. L’artiste argentine Leonor Fini réalise elle-aussi des œuvres étranges qui effacent la frontière entre réel et imaginaire. Sa spécialité : inverser la relation homme-femme en faisant de l’homme un objet passif, qu’elle représente souvent endormi, surplombé par une femme forte.
L’écrivaine et plasticienne Claude Cahun se rapproche pour sa part du mouvement en 1928 lorsqu’elle rejoint la troupe de théâtre Le Plateau, au sein de laquelle elle rencontre notamment Henri Michaux et Robert Desnos. Délibérément androgyne, la tête rasée, Claude Cahun se met en scène dans des performances qui questionnent le genre – ce qui va dans le sens du surréalisme, en train de briser tous les tabous. Un véritable précurseur !
Si le sujet mériterait d’être approfondi davantage, ce documentaire a le mérite de brosser en très peu de temps le portrait ces cinq artistes oubliées de l’histoire, participant ainsi à réhabiliter celles qui participèrent au mouvement surréaliste.