Don Pasquale, un opéra bouffe et féministe ?
Opéra de Paris
Disponible en replay jusqu'au 17 mai
Le confinement est levé mais l'Opéra de Paris prolonge sa programmation de spectacles en ligne gratuits jusqu'à la fin du mois de mai. Prenez donc place devant Don Pasquale de Gaetano Donizetti, mis en scène par Damiano Michieletto, une oeuvre majeure du genre buffa, drôle mais dramatique en même temps, avec une pointe de féminisme.
Dès le lever de rideau, le spectateur rit aux larmes à la vue de ce vieil homme en pyjama et robe de chambre, Don Pasquale, déterminé à trouver une jeune épouse et à assurer sa descendance, lui qui n'a jamais pu avoir de progéniture. Le metteur en scène nous le présente affaibli, portant une ceinture pour maintenir son dos et pourtant désireux d'avoir un enfant !
Comment ne pas rire aux éclats encore lorsque la jeune femme destinée à Don Pasquale se montre naïve, douce et réservée avant la signature de leur contrat de mariage puis rebelle, autoritaire et dépensière une fois la signature actée !
Au-delà d'être à mourir de rire, ce qui est bienvenu dans ce contexte de crise sanitaire, cet opéra accorde une place de choix aux femmes : la promise de Don Pasquale est la maîtresse de l'intrigue, c'est elle qui dirige son propre destin et celui des autres. Le décor renforce ce sentiment de toute puissance : avant l'arrivée de la fameuse Norina, une cuisine en formica, une baignoire vieillotte et un canapé défraîchi compose la maison du vieux Don Pasquale. Après leur mariage, la capricieuse décide de refaire la déco et transforme la maison style années 50 en un espace de vie plus design, composé d'un lit spacieux et confortable et d'un canapé neuf. C'est encore la femme qui donne la leçon finale à l'homme, Norina faisant la morale à Don Pasquale lors de la dernière scène : "Bien idiot est celui qui se marie en grand âge".