Un homme au visage émacié ouvre un carton qui contient des habits poussiéreux dont une robe blanche tachée de sang. C'est sur cette mise en scène minimale, accessible à tous, que s'ouvre l'opéra Rigoletto de Verdi mis en scène par l'allemand Claus Guth, et disponible gratuitement en ligne  sur le site de l'operadeparis.fr et sur france.tvculturebox, jusqu'au dimanche 7 juin. Peu à peu, le carton occupe l'ensemble de l'espace scénique : les murs en carton constituent un décor improvisé, une scène de fortune où  le destin de Rigoletto se délite.

Le carton contient bien plus que de simples vestiges d'une époque révolue, il renferme le passé de Rigoletto qui, en ouvrant la boîte, s'apprête à voir défiler sa tragique vie. Le bouffon vieilli du duc de Mantoue apparaît régulièrement sur scène, incarnant le double muet de lui-même, se contorsionnant et s'agitant dans tous les sens comme s'il pouvait remonter la machine infernale du temps et influer sur son cours.

Difforme et veuf, Rigoletto n'a rien pour embellir sa vie à l'exception de sa fille, qu'il prive de liberté afin de la conserver pour lui seul et la dérobe au monde et à ses dangers. Sa possession excessive attise la curiosité, à tel point que des courtisans le soupçonnent de cacher sa maîtresse et non son enfant ! La belle Gilda s'éprend du duc de Mantoue, ce qui rend fou de rage son père. Commence alors une descente aux enfers où tombent peu à peu les masques.