Samuel Fosso exposé à la Maison européenne de la photographie
Maison Européenne de la Photographie
Du 10 novembre 2021 au 13 mars 2022
« Avec Studio National, vous serez beau, chic, délicat et facile à reconnaître ». Voici la promesse faite par Samuel Fosso lorsqu’à 13 ans, le jeune garçon ouvre son premier studio photographique dans le centre de Bangui. L’adolescent va très vite se prêter au jeu et endosser le rôle ô combien libérateur de modèle, développant
alors en images une centaine d’identités. La vraisemblance avec la réalité importe peu, le jeune homme veut être tour à tour dictateur, activiste, soldat et guérisseur. Cinquante ans plus tard, récompensé par les prix photographiques les plus prestigieux et auréolé d’une reconnaissance internationale, le photographe franco-camerounais se voit aujourd’hui consacré lors d’une première rétrospective mondiale. À travers plus de 200 clichés, la Maison européenne de la Photographie tente ainsi d’élucider le mystère Samuel Fosso et parvient à brosser le portrait d’un des photographes les plus insaisissables de la création contemporaine. De ses photographies de jeunesse à ses travaux confidentiels rendant hommage à son grand-père ou à un ami disparu, en passant par ses
savoureux autoportraits jusqu’à ses séries les plus emblématiques (Tati, African Spirits, Emperor of Africa etc.), l’exposition couvre plus de 50 ans de carrière menée tambour battant contre l’immobilisme de la scène contemporaine. Acteur engagé, Samuel Fosso, qui maîtrise d’une main de maître l’art de la performance et du travestissement, signe ainsi des images drôles et mordantes dont le seul dessein reste celui d’interroger, de questionner en profondeur la notion d’identité personnelle et sociale. Une œuvre poignante, délicieusement théâtrale, portée par un message de paix et de résilience qui oscille éternellement entre introspection personnelle et récits collectifs.
Focus sur...
Le Chef (qui a vendu l’Afrique aux colons)
Invité aux 50 ans de la marque « Tati » en compagnie de 49 autres photographes, Samuel Fosso signe là-bas une série de photographies burlesques mettant en scène
de truculents personnages stéréotypés. Le photographe se joue ici des clichés occidentaux sur leurs codes de représentation, notamment ceux sur les potentats africains. Derrière le caractère baroque de l’image, Fosso dépasse le simple exercice narcissique pour revêtir une dimension collective et critique sur la construction des mythes et le jeu des apparences…