Que nous évoque Yves Klein ? Un geste, une couleur bien sûr, mais pouvons-nous seulement résumer son œuvre à ses monochromes d’un bleu profond ou à ses innombrables provocations ? Ses choix artistiques lui ont valu de son vivant un bon nombre de détracteurs, l’accusant de vendre du vent… ce qu’il fit vraiment à un moment de sa carrière en exposant du vide ! Alors Yves Klein était-il un esprit génial ou un brillant escroc ?

Soixante ans après sa tragique disparition, l’Hôtel de Caumont brosse un tout autre portrait de cette figure majeure de l’art contemporain, emportée par une crise cardiaque à l’âge de 34 ans. L’exposition, riche d’une soixantaine de chefs-d’œuvre classés parmi les plus importants du siècle dernier, nous prend ici à contre-pied, ignorant le schéma dichotomique habituel pour un volet plus intime sur sa personne.

Nous pénétrons dès lors dans huit années de création aussi fugaces que prolifiques : entre ses célèbres Monochromes et ses audacieuses Sculptures Éponges, entre ses incontournables Anthropométries et ses flamboyantes Peintures de feu, se dévoilent des œuvres moins connues du grand public à l’image de ses pièces faites de pigments purs et de résine synthétique. En regard du caractère public de sa production, volontairement spectaculaire, volontiers insolente, le musée explore ici la face cachée de cet esprit libre qui s’autoproclama maître du ciel à l’âge de 19 ans. En revenant sur ses origines familiales et son cercle d’amis, sur son lieu de travail et sa relation avec ses modèles, l’institution éclaire l’œuvre du peintre d’une lumière nouvelle en interrogeant notamment les conditions matérielles, les réflexions intellectuelles et la dimension spirituelle de ses créations. Des œuvres de Christo, Martial Raysse et Jean Tinguely, témoignages des liens d’amitié et de complicité créative que Klein a entretenus avec ses collègues et amis, viennent compléter cette jolie monographie.

Focus sur...
Monogold
Nous l’oublions parfois mais Yves Klein nous en a fait voir de toutes les couleurs en réalisant des monochromes de diverses teintes : rose, jaune, orange, vert, argenté, et même… noir ! Ce Monogold étincelant, recouvert exclusivement de feuilles d’or, complète les explorations chromatiques du peintre dans sa quête d’explication universelle autour des principes de l’immatériel, de l’absolu et de l’éternité. En faisant sien ce précieux matériau, l’apprenti alchimiste s’inscrit dans une tradition ancienne qui le lie en particulier, et de façon intime, aux fresquistes italiens du Quattrocento.

Le saviez-vous ?
Avant d’être artiste, Yves Klein fut judoka ! Formé au prestigieux Institut Kōdōkan de Tokyo, le peintre reste encore aujourd’hui le premier occidental à s’être vu distingué d’une ceinture noire au Japon. De retour à Paris, l’artiste ouvrit même sa propre école de judo.

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HÔTEL DE CAUMONT
Du 28 octobre au 26 mars 2023
3 rue Joseph Cabassol, 13100
Aix-en-Provence