Baya, Femmes en leur jardin : l'exposition onirique et flamboyante à l'Institut du monde arabe

Institut du Monde Arabe
Du 8 novembre 2022 au 26 mars 2023

Arriverons-nous un jour à percer les mystères qui entourent l’œuvre de Baya ? Les historiens s’y sont bien essayés, comparant la jeune femme à une Shéhérazade des contes des Mille et une nuits, mais rares sont les spécialistes à avoir cerné le génie de cette artiste algérienne virtuose, érigée au rang d’icône par une génération d’intellectuels dans la France d’après-guerre. Plus de 20 ans après sa disparition, l’Institut du monde arabe lève une partie du voile sur la flamboyante production de cette étoile filante de la scène contemporaine, sacrée reine de Saba sous la plume d’André Breton, en nous invitant à une intense relecture de son œuvre et de son héritage. L’invitation tient en quatre petits mots chers à l’univers de Baya : Femmes en leur Jardin. Nous pénétrons dès lors dans un royaume foisonnant peuplé de figures féminines, de chimères ailées et d’oiseaux colorés.

 

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Nous redécouvrons au fil de la visite, le bestiaire énigmatique de ses céramiques, la puissance chromatique de ses peintures joyeuses ou l’élégance de ses sculptures d’argile avant de s’immerger dans le dialogue sans fin de ses arabesques. Des créations aux couleurs vibrantes, portées par un répertoire de formes exclusivement féminines, rondes et généreuses. En privilégiant le bleu turquoise, le rose indien, l’émeraude et le violet profond, Baya a peint avec une finesse inégalée le monde de l’enfance et de la maternité, exprimant sa fascination pour le souvenir de sa mère. Riche de nombreux chefs-d’œuvre mêlant ses premiers dessins à ses toutes dernières créations, cette exposition se distingue, pourtant, des précédentes monographies données en son honneur, par sa volonté de restituer avec exactitude et simplicité le parcours de Baya. Une personnalité hors du commun, propulsée dès l’âge de seize ans au sommet de sa gloire, suscitant l’admiration d’artistes célèbres, et qui ne s’exprimait qu’avec la plus grande sincérité. Loin de l’image naïve que certains se faisaient d’elle, Baya apparaît aujourd’hui comme l’impératrice d’un Jardin d’Éden, sorte de royaume luxuriant où la jeune femme pouvait librement coucher ses rêves sur le papier.

 

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FOCUS SUR…
Mère et enfant en bleu, Baya

Si nous ne devions choisir qu’une seule œuvre de Baya, révélatrice de son immense talent, ce serait sans doute celle-ci. La jeune fille, orpheline depuis l’âge de neuf ans, réalise cette gouache en développant trois thèmes qui deviendront ses sujets de prédilection : la maternité, le paysage et la nature morte. Avec une grande expressivité, l’artiste parvient à restituer la poésie d’un instant durant lequel une mère échange un regard avec son bébé. Un moment suspendu d’une infinie tendresse, que la jeune artiste n’a, hélas, que trop peu connu. À leurs côtés, un oiseau, animal protecteur emblématique de Baya, enveloppe les deux personnages, comblant le vide laissé par la famille.

 

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