Après un succès triomphant au Théâtre de la Renaissance, « Drôle de genre » est de retour au Théâtre Antoine. Nous y sommes allés, et on vous raconte.

Carla est une femme élégante et dynamique qui voue un soutien inconditionnel à son mari, François, homme politique en pleine campagne électorale. Ils forment un couple solide depuis 30 ans. Leur vie, bien installée, tourne beaucoup autour de François, mais lorsque Carla ouvre ce jour-là un courrier qui lui annonce une nouvelle peu banale, toute cette belle stabilité va fortement être remise en cause. Et comme une catastrophe n’arrive jamais seule, Louise, leur fille adoptive, arrive avec des nouvelles plus contrariantes que rassurantes la concernant. Ce tsunami de révélations va faire prendre conscience à chacun de ses croyances, de sa place et dévoiler leurs vrais visages.

Mise en scène par Jérémie Lippmann, cette comédie singulière nous conte avec ferveur la folle soirée de Carla et François. Carla est une femme dynamique, passionnée de danse classique, filant le parfait amour avec François, un homme politique hargneux en pleine campagne pour la mairie de Paris.  Le couple vit heureux depuis plus de 30 ans jusqu’au jour où celle-ci apprend qu’elle a un cancer, mais pas n’importe lequel, un cancer de la prostate…

Si la pièce commence par un moment de douce volupté où la pétillante Victoria Abril, interprète de Carla, virevolte telle une ballerine du Lac des Cygnes, la thématique qu’y s'en suit, elle, n’a rien de légère.

En effet, Jade Rose Parker s’attaque ici à la transidentité sans demi-mesure. La véracité touchante du personnage de Carla, enfin libéré de son lourd secret, se heurte au refus réactionnaire de son mari, incarné par Lionnel Astier. Le couple se livre à une réelle joute verbale ponctuée par une musique tantôt épique tantôt rock qui vient assourdir la salle et nous plonger tous dans l’univers de la pièce. Si certains dialogues manquent parfois de profondeur voir de justesse, on ne peut s’empêcher de rire aux éclats et d‘être happé par l’amour profond du jeu des acteurs sans cesse pousser à faire tomber le 4^ème mur.

Plus qu’un procédé comique, la situation au combien incongrue du couple, aggravée par l’entrée en scène de leur fille adoptive (interprétée par nulle autre que l’auteur de la pièce elle-même) et de son compagnon, est un réel outil afin de mettre en lumière une satire sinistre du monde politique. Le public devient l’électorat à convaincre pour les protagonistes ne reculant devant rien pour gagner la partie. Le décalage de leurs préoccupations avec les réalités sociétales et humaines abordées est autant un support à la dimension comique qu’un renfort au message véhiculé.

En résumé, si la thématique est complexe, l’exécution imparfaite et le pari risqué, on peut que remercier le Théâtre de la Renaissance de nous offrir une parenthèse humoristique, élue à la majorité.

THÉÂTRE ANTOINE - 75010
Du mar. au sam. à 21h
De 14 à 63 €