Inutile de rougir, nous sommes nombreux à être entrés dans la chambre du Roi sans nous apercevoir des véritables trésors qu’elle contenait. Éblouis par le fastueux décor de brocart d’or et d’argent, troublés par la symbolique du lit où s’est éteint Louis XIV, nous n’avions jamais pensé lever les yeux au ciel pour admirer les 9 tableaux et médaillons qui ornent la pièce, accrochés à plus de 10 mètres du sol. Conscient de cet outrage hélas fort répandu, le Château de Versailles nous invite pour la première fois à considérer à hauteur d’homme ses chefs-d’œuvre classiques illustrant le goût du monarque pour la peinture caravagesque et la densité des ombres, les compositions sobres et la touche virtuose. L’exposition met ainsi en lumière ces pièces inestimables choisies par le monarque en personne avec une nette préférence pour les sujets religieux, reflets de la piété chrétienne de ses dernières années, et un peintre français : Valentin de Boulogne. Des bas-fonds de Rome à la chambre du Roi, cet artiste désigné comme l’héritier mélancolique de Caravage a su s’extraire de l’ombre pesante du maître du clair-obscur en laissant derrière lui une œuvre ténébreuse incarnée ici par la figure des 4 Évangiles, gardiens du sommeil du Roi-Soleil.

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