Révélation ! R E F L E T S : les photographies laquées de Laetitia Lesaffre à la Galerie Hegoa
Galerie Hegoa
Jusqu'au 29 avril 2023
Nous entrons dans cette exposition avec le sentiment d’avoir pénétré l’intimité d’une artiste à fleur de peau, sensible et humaniste, sans que celle-ci nous donne néanmoins toutes les clés pour accéder au monde qu’elle protège. Un univers trouble caractérisé par ses silhouettes aux contours incertains qui émergent délicatement de l’obscurité, photographiées dans les reflets de laques patiemment réalisées par l’artiste. Exposée à la Galerie Hegoa, l’œuvre nébuleuse de Laetitia Lesaffre est une révélation tant elle décloisonne les arts, brouillant volontairement les frontières entre peinture et photographie. En capturant le reflet de ses modèles dans ses toiles laquées, l’artiste réinvente le genre du portrait en réalisant des clichés énigmatiques directement hérités du savoir-faire ancestral des laqueurs asiatiques.
Engagée dans l’accompagnement des enfants en exil et des femmes victimes de violences, la pratique artistique de Laetitia Lesaffre se range du côté de la résilience en offrant à son modèle une fenêtre derrière laquelle il peut se dévoiler, se protéger, se cacher aussi. Son reflet sur la laque qui le sépare du reste du monde marque alors le passage vers une autre dimension, l’ouverture d’un espace à l’autre, son moi intérieur. Sans violence, ni douleur, le sujet échappe ainsi à son image, tandis que la plasticienne profite de ce moment de vérité pour capturer l’âme de son modèle en partie révélée par la laque. La photographe d’une extrême sensibilité va même parfois plus loin en tentant de réparer ses sujets à travers la pratique du Kintsugi, une ancienne technique japonaise permettant de restaurer des objets cassés, abîmés, non pas en maquillant leurs fêlures mais en les sublimant avec de la poudre d’or. Ode à l’imperfection et à la fragilité, les portraits réparés de Laetitia Lesaffre illustrent les blessures des femmes victimes de violences et des enfants en exil tout en montrant la lente et difficile reconstruction de ces héros du quotidien. La série « Kintsugi, reflets de femmes » vient d’être présentée à la galerie de la Sainte Chapelle du Tribunal de Grande Instance de Paris, sous la houlette de la ministre chargée du droit des femmes. Une consécration pour l’artiste et toutes les femmes victimes de violence.
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