On a vu le film qui a tout raflé aux Oscars, Everything everywhere at all once, on vous raconte

Vous aviez complètement raté le phénomène Everything everywhere at all once ? Pas de panique, nous aussi. Le film a pourtant fait l'effet d'une bombe aux Oscars, raflant tous les prix les plus convoités de la cérémonie : meilleur film, meilleur(s) réalisateur(s), meilleur scénario original, meilleure actrice, meilleur actrice pour un second rôle, meilleur acteur pour un second rôle et meilleur montage... Face au tsunami provoqué par le sacre des Daniels à Los Angeles, nous nous sommes procuré cet objet filmique non identifié afin de nous faire notre propre avis. Verdict ? Hollywood est encore sous le choc ; ça tombe bien, nous aussi.

Le film en deux mots ?
Une laverie automatique, un appartement en pagaille, des piles de factures, une relation conflictuelle avec sa fille... Usée par la vie, Evelyn Wang mène une existence terne dans laquelle elle semble enfermée. Un jour, elle se retrouve plongée dans le multivers, emportée dans une aventure irréelle où elle doit se connecter aux vies qu'elle aurait pu avoir dans d'autres univers parallèles et sauver ce qui est le plus important pour elle : sa famille.

Par où commencer ? Nous sortons de ces deux heures et quart de film totalement lessivés (sans mauvais jeu de mots) par ce que nous venons de voir. Ou peut-être que si, finalement laissons-nous aller à quelques calembours qui auront à coup sûr décrochés un sourire de nos deux réalisateurs fantasques. Une chose est sûre, Daniel Kwan et Daniel Scheinert ne font pas dans la dentelle. Graveleux, irrévérencieux, foutraque et halluciné... Everything everywhere at all once est disons-le un joyeux bordel où se mêlent tous les genres du cinéma avec une générosité non dissimulée. Inscrit dans la lignée des labyrinthes cinématographiques et mentaux que sont Matrix des soeurs Wachowski ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, le film explore dans un déluge d'images le drame familial, la comédie potache, la science-fiction, les arts martiaux. À cela s'ajoutent une touche d'animation, un humour gras, une scène de combat avec des plugs anaux, une romance insoupçonnée entre deux femmes aux "doigts saucisses" et une discussion philosophique de fin de soirée entre deux cailloux un brin mélancoliques. Vertigineux et épuisant tant sur le fond que sur la forme, Everything everywhere at all once est une centrifugeuse qui déborde de bons sentiments mais dont les nombreux délires cosmiques auront eu raison de certains spectateurs broyés par le cycle long de la machine à laver (on poursuit la métaphore filée du lave-linge).

Le succès du film est-il mérité ? Oui. Nous n'avons pas toujours ri mais nous avons beaucoup pleuré. Les personnages sont imparfaits, la réalité parfois triste et morne, le quotidien étouffant... Plus qu'une farce absurde de science-fiction, le triomphe d'Everything everywhere at all once outre-Atlantique est avant tout un pied de nez au cinéma actuel en mettant à l'amende les blockbusters estampillés Marvel. Contrairement au géant du divertissement, les Daniels explorent ici avec peu de budget le multivers comme jamais auparavant, traversant les temporalités et les univers parallèles (non pas pour ressusciter un personnage disparu comme le feraient d'autres productions) mais bien pour résoudre la crise existentielle d'une mère de famille au bord de l'implosion campée par la redoutable Michelle Yeoh. Nous n'aurions dans une autre galaxie sans doute pas remis autant de statuettes à cet ovni cinématographique mais le principal est là : Everything everywhere at all once ose, expérimente, réinvente nous prouvant que le cinéma a encore de beaux jours devant lui et beaucoup de contrées à explorer.

Everything everywhere at all once
De : D. Kwang & D. Scheinert
Avec : M. Yeoh, K. Huy Quan, J. Lee Curtis
Genre : Inclassable
Sortie en salle initiale : 31 août 2022
Sortie en salle post-Oscars : 8 mars 2023


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