Exposition Paz Errázuriz à La Maison de l'Amérique Latine, les histoires inachevées de la photographe chilienne
Maison de l'Amérique Latine
Jusqu'au 24 janvier 2024
Du haut de ses 79 ans, Paz Errázuriz n’a jamais eu peur de rien, ni de personne. La photographe n’a jamais tremblé, pas même devant les militaires du temps du règne de Pinochet. Marquée au fer par les années sombres de la dictature chilienne, l’œuvre de cette ancienne institutrice s’est naturellement tournée vers les invisibles écartés par le régime : mendiants, travestis, prostituées et vagabonds. Entre les arrestations, les persécutions et les couvre-feux, cette parfaite autodidacte a suivi des communautés marginalisées, s’immisçant plusieurs semaines dans le quotidien de travailleurs du sexe, d’artistes de cirque ou de patients d’hôpitaux psychiatriques. Ce travail lui a ainsi permis de nouer des relations fortes avec ses modèles, femmes et hommes finissant par poser humblement devant son objectif. Des maisons closes de Santiago aux caravanes d’un groupe de lutteurs de lucha libre, cette exposition illustre l’histoire troublée du Chili tout en mettant en lumière « l’esthétique de la périphérie » si chère à Paz Errázuriz, à l’image de ce portrait d’un boxeur en dehors du ring dont les bandages aux mains semblent davantage panser les blessures d’un corps blessé que celui d’un corps sain et victorieux.