Les paroles s’envolent, les écrits restent. Durant l'Antiquité, cet adage du poète Horace était utilisé pour inciter le peuple à retranscrire les choses importantes, et garantir la transmission et la sauvegarde d’une mémoire commune. L’artiste pionnière de l’art urbain Tania Mouraud l’a bien compris. Par ses compositions typographiques, elle multiplie les mises à l’écrit créatives de causes importante. Dans l’œuvre DREAM, déclinée à partir de la célèbre phrase de Martin Luther King, elle fait dialoguer le Yiddish et une dizaine d’autres langues à l’écrit, qui ne semblent alors plus si différentes. Les luttes résonnent entre elles pour conjurer l’oubli, et les sens des histoires de chaque peuple se font écho pour former une vaste histoire partagée.
Visuellement, les écrits de l’artiste s’émancipent de l’étroitesse des supports dans une style en noir et blanc à l’esthétisme travaillé. Entre dessin, rature et graffitis, son style rappelle ces cris d’existence qui s’emparent de l’espace public. Cette pluralité
de langues et d’espoirs créent des liens le mouvement Black Lives Matter, le soulèvement des femmes iraniennes ou encore la mémoire du génocide arménien, et les empêchent de s’envoler « Dans les vents de l’oubli ». Une exposition importante et libérée.