Estomac fragile s’abstenir ! Nous avons tout intérêt à avoir le cœur bien accroché avant de ne faire qu’une bouchée du menu pantagruélique concocté par le MusVerre. Pour dénoncer les affres de la surconsommation, le temple de la création verrière signe cette exposition gargantuesque soulignant nos excès en matière de déchets et de gaspillage alimentaire.

À la carte, nous retrouvons de savoureuses pièces cristallines, une série de hors-d’oeuvre en verre et quelques douceurs au goût amer. Ce trop-plein démarre dès l’entrée avec cette table de banquet chargée de victuailles, symbole de l’avidité des Hommes et de la décadence de nos sociétés contemporaines. Puis vient le plat de résistance avec cette relecture terriblement insolente de la Pietà de Michel-Ange du maître verrier et véritable illusionniste John Moran. Le visage de la Madone a cédé la place à la figure monstrueuse du clown Ronald McDonald berçant sur ses genoux un consommateur de fastfood exsangue à l’article de la mort.

Devons-nous craindre l’indigestion face à tant d’œuvres virtuoses ? Fort heureusement non. Le musée a trouvé l’équilibre parfait avec des pièces spectaculaires, des œuvres « à charge » et un discours coup de poing, évitant ce sentiment d’excès qui nous reste parfois en travers de la gorge.