Weegee fait l'autopsie du spectacle américain à la Fondation Henri Cartier-Bresson

Fondation Henri Cartier-Bresson
Jusqu'au 19 mai 2024

 

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Quel peut bien être le point commun entre des clichés de cadavres de truands, de caïds derrière les barreaux, et des images de sulfureuses soirées hollywoodiennes ? C’est là tout le cœur de l’énigme Weegee, photojournaliste star du début du XXe siècle, que tente de résoudre la Fondation Henri Cartier-Bresson. Le reporter vedette des tabloïds new-yorkais s’est fait un nom à travers les images de misère et de violence, avant de passer aux gloires éphémères californiennes et autres festivités. Comment expliquer ce revirement ? Pour Weegee, ce n’en est pas un : son art à l’esthétique frappante offre toujours une critique de la société du spectacle et du paraître. Tout comme il transforme le fait-divers morbide en attraction voyeuriste, il se moque du spectaculaire et de l’artificiel de la ville du cinéma. Au sommet de sa carrière, même s’il photographie les plus grands de son époque comme Charlie Chaplin, Weegee n’est jamais devenu mondain. Ses portraits de célébrités sont déformés, truqués, comme pour montrer au spectateur qu’il connaît bien l'hypocrisie des images que l’on crée pour le public. Une Autopsie du spectacle à l'esthétique frappante et furieusement vivante.

Le saviez-vous ?
Weegee, pour être le premier photographe sur les lieux d’un crime et prendre des clichés “à chaud”, utilisait illégalement une radio branchée… sur la fréquence de la police ! Sa renommée fut telle qu’il finit, en 1938, par obtenir le droit d’utiliser ce procédé légalement.