Entendez-vous ces rugissements qui grondent ? Prenez garde : ils arrivent. Les fauves surgissent de l’ombre pour venir nous saisir par la radicalité du trait et de la couleur, par l’énergie irrépressible du changement qu’ils infusent. Jawlensky, De Vlaminck, Van Dongen, Friesz, Chabaud ou encore Lhote sont rassemblés pour une exposition libérée et sans aucun compromis. Affichant des couleurs pures, affranchis des nuances et des règles de la perspective, les paysages fauves sont de violentes rêveries à la vivacité frappante. Le Port d’Anvers de Friesz offre un décor vibrant, une eau frémissante bordée de pavillons presque abstraits. Cet anticonformisme ne se limite pas au style : les fauves sont radicaux jusque dans le choix de leurs sujets. Électrique, le brillant Modjesko soprano singer de Van Dongen révèle l’audace de la vie nocturne parisienne. De ses coups de pinceaux animés, le peintre anarchiste donne vie à un ténor en plein numéro, tandis que sa Danseuse, cerclée de rouge, semble onduler sous nos yeux. « La couleur surtout, peut être plus encore que le dessin, est une libération », disait Matisse. L’expressivité bouleversante de ces rois sauvages de la couleur lui donne bien raison.

Le saviez-vous ?
Malgré l’influence considérable qu’a eu le fauvisme sur l’histoire de l’art, ce mouvement n’a duré que quelques années. Ces peintres étaient tellement attachés à leur liberté artistique qu’ils ont refusé de se constituer en école, prenant chacun leur propre voie stylistique.