Ne vous fiez pas aux apparences. Derrière une apparente familiarité de ces œuvres exposées au Musée de Montmartre, tantôt post-impressionnistes, cubistes ou fauves, se cache en réalité un seul et même artiste. Auguste Herbin serait le secret le mieux gardé de l’aventure de l’art moderne, nous dit-on. Et effectivement, même si ses toiles font partie des plus grandes collections au monde, force est de constater que le public ne se souvient plus de cet artiste au talent pourtant immense. Chaque toile est une merveille, des couleurs intenses et vibrantes, une maîtrise parfaite de la peinture, presque pointilliste par moment, travaillée en aplats lisses et purement géométriques à d’autres. D’une salle à l’autre, on jurerait rencontrer plusieurs artistes, avec en fil rouge, cet attachement indéfectible à la couleur et à la beauté. Auguste Herbin est un défricheur infatigable, se passionnant pour toutes les innovations picturales de son temps. Après une période post-impressionniste, il deviendra l’un des premiers peintres fauves dès 1905, l’un des premiers artistes cubistes dès 1908, puis se consacrera à une abstraction de plus en plus radicale, proche de l’Op Art, avant de perdre la critique de son époque en inventant un alphabet poétique, encapsulant derrière les formes et les couleurs les lettres d’un langage universel… Une œuvre originale et multiple pour ce peintre qui fut de toutes les révolutions, aujourd’hui auréolé d’une nouvelle lumière.

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