Ce 8 décembre, Notre-Dame fait son retour en grande pompe ! Le président français sera accompagné d'un cortège de dirigeants internationaux, et on pourra compter sur une floppée d'artistes de tous horizon pour faire le show. De Clara Luciani au pianiste chinois Lang Lang en passant par Vianney, Garou ou Angélique Kidjo, tous se produiront dans une performance à la hauteur de l'événement. De plus, une première messe sera célébrée à 10h30 en présence de 150 évêques français et étrangers, avant une autre messe ouverte au public à 15h30.

Enfin ! Cinq ans après le terrible incendie, Notre-Dame de Paris renaît de ses cendres. La cathédrale rouvrira ses portes au public le 8 décembre prochain, jour de l’Immaculée Conception dans le calendrier grégorien. Entre mythes et légendes, héritage du passé et technologie du futur, chiffres clés et secrets bien gardés, retour sur la miraculeuse histoire d’une renaissance

PARIS BRÛLE-T-IL ?

Les images de la cathédrale en flamme ont fait le tour du monde. Le 15 avril 2019, nous étions des millions à retenir notre souffle, assistant impuissants à ce spectacle désolant d’un volcan en éruption au cœur de Paris. Douze heures d’intervention avaient été nécessaires pour venir à bout de l’incendie et finalement sauver Notre-Dame… non sans laisser quelques cicatrices. La cathédrale a vu s’éteindre sous ses yeux deux trésors : d’abord sa flèche, tombée au cœur du brasier ardent, avant de voir sa mythique charpente et ses milliers de chênes centenaires réduits en cendres. Deux pertes douloureusement irréversibles cristallisées autour de la disparition de cette « forêt » partie en fumée. Au petit matin, à mesure que les Français découvraient cette nouvelle cathédrale à ciel ouvert, privée de son toit et de sa flèche, une question s’invitait sur toutes les lèvres : comment la Dame de Pierre pouvait-elle se relever ? La nuit même de l’incendie, Emmanuel Macron s’engageait pourtant, contre toute vraisemblance, devant les caméras du monde entier, à rebâtir ce joyau gothique vieux de 850 ans en cinq ans. Un pari fou… mais réussi.

LE PLUS GRAND CHANTIER D’EUROPE

Après cinq années et demi d’attente, nous y sommes. Le plus grand chantier d’Europe ne s’est pourtant pas fait en un jour. Durant soixante-huit mois, plus de mille artisans, charpentiers, couvreurs, maçons, Compagnons du devoir et tailleurs de pierre ont œuvré du lever du soleil au coucher du jour pour redonner son éclat d’autrefois à la bâtisse. La clé de voûte de ce chantier du siècle ? Une longue opération de sécurisation et de consolidation des fondations, avant un temps de dépoussiérage nécessaire.

Ce n’est qu’en 2021 qu’a commencé le travail titanesque de restauration avec la fermeture des voûtes effondrées, la reconstruction de la charpente disparue, la réhabilitation des pignons nord et sud qui menaçaient de s’effondrer et la rénovation du beffroi. La refonte de la cathédrale ne s’est pourtant pas limitée à Paris. Partout en France, plus de deux mille personnes ont apporté leur pierre à l’édifice : les carriers ont poursuivi l’extraction des pierres dans l’Oise et dans l’Aisne, les dinandiers, serruriers et patineurs ont restauré les douze statues d’apôtres et les quatre évangélistes en Dordogne, les taillandiers de cinq ateliers ont uni leurs forces en Alsace, tandis que les ferronniers d’art ont rétabli la croix du chevet dans le Calvados. Colossaux, ces travaux historiques ont impliqué de véritables prouesses techniques comme la reconstruction à l’identique de la flèche de Viollet-leDuc, la consolidation des arcs fragilisés et l’épineuse question de la restauration des vitraux médiévaux.

Le saviez vous ?

500 tonnes de bois, 250 tonnes de plomb… et un trésor ! Dans sa chute, la flèche de Notre-Dame de Paris, œuvre de l’architecte Viollet-le-Duc, a révélé un secret. Trois reliques inestimables étaient cachées dans le coq surplombant la flèche effondrée : un fragment de la couronne d’épines du Christ, des ossements de Saint-Denys, premier évêque de Paris au IIIe siècle, et des ossements de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris

CHANGEMENT DE DÉCOR ! 

Détruire, restaurer ou tout recommencer ? Si la flèche a été reconstruite à l’identique, Notre-Dame a finalement tranché après de longs mois de négociation vers un renouveau total : le nouveau mobilier liturgique, les chaises et la châsse-reliquaire de la Sainte Couronne d’épines disparus dans l’incendie ont été confiés à des créateurs, tandis que le designer Guillaume Bardet s’est chargé de concevoir de nouveaux vases, ciboires, calices et patènes. Le diocèse a également choisi Jean-Charles de Castelbajac pour créer les ornements liturgiques. Loin de faire l’unanimité, ce nouveau décor a suscité bien des polémiques, avant de finalement se faire éclipser par un autre scandale. Six artistes contemporains parmi lesquels Jean-Michel Alberola, Daniel Buren, Claire Tabouret ou encore Philippe Parreno ont eu pour importante mission de remplacer les vitraux historiques de Notre-Dame de Paris par des ouvrages modernes. Un projet controversé qui a provoqué une levée de boucliers chez les défenseurs du patrimoine. Alors, trahison, vandalisme moderne ou création du siècle ? Et que va-t-il advenir des vitraux de Viollet-le-Duc épargnés par les flammes ? Emmanuel Macron a tranché, mettant fin au débat autour des verrières de la discorde. Un musée entier sera consacré à l’œuvre de Notre-Dame sur le parvis de la cathédrale, où seront exposés les vitraux mais aussi le coq reliquaire original en cuivre doré. Près de neuf siècles après sa création, la vieille dame symbole d’éternité aurait enfin le droit à son musée. La bâtisse a pourtant déjà marqué l’Histoire.

QUELQUES CHIFFRES-CLÉS :

846 millions d’euros de dons récoltés

700 millions deuros de travaux

200 millions d’euros de dons de Bernard Arnault

70 000 pièces et 600 tonnes pour 1 seul échafaudage

QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT 

Théâtre des alliances, des manigances, des trahisons et des disparitions des plus grands rois et reines de France, Notre-Dame a vu se jouer entre ses pierres bon nombre d’épisodes de notre Histoire. La cathédrale a ainsi accueilli les premiers états généraux du royaume sous Philippe IV le Bel, alors en conflit ouvert avec le pape, a officié les noces d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois six jours avant le massacre de la Saint-Barthélemy, a abrité le sacre de Napoléon Ier comme empereur et même célébré l’un des mariages les plus cocasses de l’Histoire entre Élisabeth de France et Philippe II. d’Espagne… par procuration ! Le fils aîné de Charles Quint étant absent, celui-ci fut remplacé à l’autel par l’un de ses émissaires. Des funérailles et des obsèques nationales y ont été rendues à la mémoire de plusieurs présidents de la République tels que Sadi Carnot, Charles de Gaulle, Georges Pompidou et François Mitterrand. Dernier rebondissement en date ? Notre-Dame serait, selon une récente fouille, le dernier tombeau du poète de la Renaissance Joachim du Bellay !

7 ANECDOTES SUR NOTRE-DAME DE PARIS

Quasimodo a-t-il vraiment existé ? Un historien a retrouvé la trace d’un véritable sculpteur de pierre bossu ayant travaillé à Notre-Dame pendant sa construction, inspirant à Victor Hugo le personnage principal de son roman. 

Viollet-le-Duc, le sauveur de Notre-Dame après la Révolution, a caché une statue à son effigie sur le toit de la cathédrale. On le reconnaît sous les traits de Saint Thomas, patron des architectes, seul apôtre à se retourner, pour contempler son œuvre… 

Le chœur de Notre-Dame ne forme pas une droite parfaite avec la nef centrale : son plan étant très légèrement désaxé sur la gauche, comme un écho à la tête affaissée du Christ sur la croix.

Tous les chemins mènent… à Paris ! Sur le parvis de Notre-Dame, juste devant la cathédrale, se trouve la plaque marquant le point zéro des routes de France. 

Jean-Marie, Maurice, Benoit-Joseph, Étienne, Marcel, Gabriel… Ce sont les noms des cloches de Notre-Dame ! Toutes, à l’exception du bourdon Emmanuelle, ont été fondues à la Révolution française pour faire des boulets de canon. 

Ce sont les gardiennes du temple. Avec leurs figures monstrueuses, les grimaçantes gargouilles ont le devoir de repousser le Mal… et de protéger la cathédrale des colères du ciel en évitant que l’eau de pluie ne ruisselle trop sur la pierre. 

Avant son terrible incendie, Notre-Dame de Paris était le monument historique le plus visité de France et d’Europe

NOTRE-DAME DE PARIS 
Réouverture le 8 décembre 2024 
6 parvis Notre-Dame, Place Jean-Paul II, 75004
M° Cité (4) - Du lun. au ven. 8h18h45, sam. et dim. 8h-19h45 
Entrée libre - Réserv. sur notredamedeparis.fr