On a vu pour vous : l'exposition Maximilien Luce, L'instinct du paysage au Musée de Montmartre
MUSÉE DE MONTMARTRE
Du 21 mars au 14 septembre 2025
Peut-on peindre la beauté d’un crépuscule industriel sans ignorer la sueur des ouvriers ? Peut-on capturer l’ondulation paisible d’une rivière tout en portant en soi les tumultes de l’histoire ? Maximilien Luce, figure singulière du néo-impressionnisme, ne fait pas de choix. Il conjugue dans chaque tableau une sensibilité esthétique et un engagement profond, peignant non seulement la lumière des paysages, mais aussi l’ombre des luttes sociales. Sa peinture, d’une vitalité rare, capte les battements du monde qui l’entoure : les couleurs saturées des rues, les flammes des hauts-fourneaux, le vacarme des chantiers parisiens, mais aussi les moments de quiétude volés dans une clairière ou au bord d’une rivière. L’exposition du musée de Montmartre, située dans la rue Corot où Luce vécut pendant douze années, met en lumière cette facette souvent méconnue de son œuvre : son lien intime avec le paysage. Loin de l’idéalisation romantique, Luce peint la réalité dans toute sa diversité, des champs ensoleillés de la Normandie aux rues effervescentes de Montmartre, en passant par les usines sombres et imposantes de Charleroi.
Graveur dès l’adolescence, Luce utilise ses dessins pour dénoncer les injustices de son époque dans des journaux libertaires comme La Révolte ou Les Temps Nouveaux. Pendant la Première Guerre mondiale, lorsque son fils est mobilisé, Luce peint les soldats dans les gares, restituant la tension palpable des départs au front. Des années plus tard, à la tête de la Société des Artistes Indépendants, il n’hésitera pas à démissionner avec fracas pour protester contre l’interdiction faite aux artistes juifs d’exposer. Luce appartient à cette génération d’artistes qui se nourrit des révolutions esthétiques de l’époque et les dépasse.