Exposition Fous de Dymphne, étonnantes histoires d’une peinture flamande au Monastère royal de Brou

MONASTÈRE ROYAL DE BROU
Du 5 avril au 22 juin 2026

 

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Elle aurait pu s’appeler Peau d’Âne. Ou Antigone. Mais elle s’appelait Dymphne.

Fille d’un roi irlandais, poursuivie par le désir incestueux d’un père rendu fou de douleur, elle s’enfuit à travers les mers pour sauver son corps, sa foi, sa liberté. Elle est décapitée à Geel, en Belgique. Puis vénérée. Patronne des fous, sainte des oubliés, icône de l’émancipation tragique.

Dymphne n’a pas disparu : elle revient, à Brou, portée par les volets d’un retable éclaté, peint vers 1505 par Goossen Van der Weyden, petit-fils du grand Rogier, dans la mouvance des primitifs flamands. Une œuvre exceptionnelle, présentée pour la première fois en France, reconstituée après des siècles de disparitions, découpes, restaurations. Comme un puzzle blessé, ressuscité, vibrant.

La peinture à l’huile y atteint une acuité hallucinée. Les visages sont éplorés, les gestes tendus, les étoffes flamboyantes, les roses acides, les manteaux ourlés de fourrure. Et l’on suit, scène après scène, cette jeune martyre tragique, de son baptême secret à son martyre final. Chaque tableau est une page de roman visuel, chaque détail, une miniature politique, spirituelle, humaine. Derrière la beauté des pigments, une actualité troublante : la domination masculine, la fuite, l’exil, la folie, le refus des violences sexuelles.

L’exposition, immersive, place le visiteur au cœur de cette dramaturgie peinte. Audioguides narratifs, vidéos en triptyque, dialogues fictionnels entre l’abbé commanditaire et le peintre reconstituent l’histoire du chef-d’œuvre et de sa restauration. Le tout dans l’écrin du monastère royal de Brou, élevé par Marguerite d’Autriche en mémoire de l’homme qu’elle aima. Dymphne traverse les siècles comme une flamme — vacillante, résistante. Et nous regarde, encore.

MONASTÈRE ROYAL DE BROU
Du 5 avril au 22 juin 2026
63 boulevard de Brou, Bourg-en-Bresse


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