Exposition Photoclimat, L’image grandeur nature dans tout Paris
Photoclimat, Paris
Du 12 septembre au 12 octobre 2025
Il faut parfois lever les yeux pour voir plus clair. Sur les grilles d’un jardin, à l’ombre d’un pont, au détour d’une place, des visages surgissent. Des regards. Des cris muets, en noir et blanc ou en couleur, mais toujours debout. Paris, en cette rentrée 2025, devient galerie d’urgence à ciel ouvert. Photoclimat suspend ici des évidences. Elle imprime sur les murs les combats que l’on détourne d’ordinaire. Elle arrête le passant, sans bruit, sans appel, sans mot.
Depuis trois éditions déjà, la biennale ne cherche ni le choc ni le consensus, mais une troisième voie : celle de la transmission. Gratuite, en plein air, sociale et environnementale, elle est le seul événement de cette ampleur à mêler art, plaidoyer et engagement sur le long terme. Une prise de parole collective, faisant de chaque photographie un relais. Un espoir. Une passerelle tendue entre ceux qui agissent et ceux qui regardent. Place de la Concorde, le flanc Madeleine dresse des portraits comme on hisse des drapeaux.
Juliette-Andréa Elie, Floriane de Lassée, Nicolas Henry ou Tim Flach s’associent à des fondations de terrain, mêlant l’esthétique au nécessaire, l’art au geste. Sur l’autre rive, les images de Prince Gyasi électrisent les couleurs d’un monde qui ne se résigne pas. Médecins du Monde, France Terre d’Asile, Action contre la Faim, Entourage, Solidarités International, Petits Frères des Pauvres… Chaque cause devient territoire d’expression. Il y a des images qu’on oublie. Et puis il y a celles qu’on emporte avec soi, comme un devoir silencieux.
Photoclimat, édition 2025, les sème dans la ville comme on sème des graines. À nous de voir ce qui poussera.
Arthur Mamou-Mani, Concordia
Architecte formé à Londres, Arthur Mamou-Mani conçoit des installations comme des manifestes : géométrie organique, matériaux durables, formes ouvertes au dialogue. C’est lui qui signe l’un des temples les plus iconiques du festival Burning Man (Galaxia, 2018), et qui imagine aujourd’hui des architectures imprimées en 3D, en bois, en terre, pensées pour un monde en transition. Pour Photoclimat, il conçoit une structure monumentale et symbolique, lieu de rassemblement et de réflexion. Chez lui, la construction devient acte politique, expérience collective. Une architecture du futur, à la croisée de la contemplation et de l’action.
Nicolas Henry, Les cabanes du vivant
Diplômé des Beaux-Arts et grand voyageur, Nicolas Henry compose des tableaux photographiques comme on bâtit des cabanes : avec poésie, engagement et imagination. Ses images sont des scènes construites, peuplées de personnages et de symboles, qui rejouent les luttes d’aujourd’hui dans des décors de fable. Pour Photoclimat, il s’est envolé en Équateur, au Vietnam et en France pour mettre en lumière les lauréats du programme Team Up for Climate. Des mises en scène fortes, où les corps deviennent totems et les paysages, des métaphores du dérèglement ou de la résilience. Avec lui, l’écologie prend des allures de théâtre, d’utopie ou de mémoire vivante.
Sandrine Elberg, Cartographier l’invisible
Photographe et plasticienne formée aux Beaux-Arts de Paris, Sandrine Elberg explore les confins du visible. Glaciers, astres, poussières cosmiques : ses séries argentiques flirtent avec la science et l’abstraction, mêlant rigueur expérimentale et vertige poétique. À mi-chemin entre l’astronomie et la rêverie, son travail évoque les tensions entre nature et imaginaire, mémoire et disparition. Finaliste de nombreuses résidences prestigieuses (Villa Kujoyama, Fondation des Treilles), elle signe des livres remarqués comme Jökull, sur la mémoire des glaciers. Dans ses images, la matière s'efface, se fige ou implose, nous rappelant que le monde aussi, peut s’évaporer.
Prince Gyasi, Couleurs et dignité
Né à Accra, Prince Gyasi a fait de son smartphone un pinceau. Autodidacte, il crée des images saturées de couleurs, puissamment composées, souvent frontales, toujours vibrantes. Son esthétique unique, nourrie de synesthésie, fait dialoguer les traditions visuelles africaines et les codes pop contemporains. Mais derrière l’éclat, c’est tout un combat qui s’exprime : celui de représenter la beauté, la force et la complexité de sa génération, en Afrique et au-delà. En 2023, il devient le premier photographe noir à signer le calendrier Pirelli. Son œuvre est une célébration du corps noir, une revendication visuelle de dignité.
Tim Flach, Le regard des bêtes
Spécialiste des portraits animaliers, Tim Flach photographie les animaux comme on capture des âmes. Cadrages serrés, regards en face, lumière sculptée : ses images créent un lien direct et bouleversant entre le spectateur et l’animal. Chevaux, singes, grenouilles ou ours polaires deviennent alors sujets d’un théâtre empathique, où l’humain n’est plus au centre mais face à ses responsabilités. Biologiste de cœur et photographe de métier, Flach publie en octobre 2025 un nouveau livre, Feline, après plusieurs ouvrages devenus cultes. Son travail documente la fragilité du vivant – et l’urgence de le préserver.
Photoclimat
Dans tout Paris, plein air
Du 12 septembre au 12 octobre 2025
Entrée libre