Rêver de vagues et d’embruns, puis sentir soudain la houle des urgences. Longtemps, la mer a incarné l’horizon des possibles, promesse d’îles lointaines, d’aventures fabuleuses et de voyages vers l’inconnu. Elle se dévoile aujourd’hui comme un monde bouleversé, à la fois sublime et menacé, miroir fragile de nos excès.

La nouvelle exposition du Maif Social Club nous invite à sonder cette immensité à travers des œuvres qui oscillent entre enchantement et inquiétude. Des membranes d’algues prolifèrent comme des poumons primordiaux, rappelant que la moitié de notre oxygène vient des océans.

Des créatures surgies des abysses se dressent, chimères fantastiques semblant échappées des visions de Bosch. Plus loin, les coraux naissent du plastique, les poissons deviennent électroniques, des vagues de pixels se brisent comme une écume numérique, et des mosaïques de déchets tatouent la mémoire des océans. Entre beauté organique et cicatrices industrielles, entre récits mythologiques et réalités géopolitiques, la mer respire, menace, proteste, se rêve et se réinvente.

À travers ces visions sensibles, poétiques ou grinçantes, c’est toute l’ambivalence de l’océan qui s’impose : berceau de la vie et terrain des mythes, mais aussi territoire pillé, colonisé, épuisé. Loin de toute désolation, l’exposition compose un chant puissant, à la fois esthétique et politique, qui appelle à rendre à la mer son souffle d’éternité.

Charlotte Gautier van Tour
Aérobies, le souffle de l’eau
Un bassin central, des membranes d’algues qui prolifèrent, des effluves iodés qui emplissent nos poumons : l’artiste nous ramène aux origines de la vie. Ces micro-organismes, invisibles mais essentiels, produisent la moitié de l’oxygène terrestre. Ici, ils reprennent leur place de déesses silencieuses.

Elsa Guillaume
Série Hieronymus




Sculptures en grès, formes hybrides et grotesques, clin d’œil à Bosch : dans la nuit des abysses, naît une faune monstrueuse et poétique. Crabes géants, calamars démesurés, coquillages mutants se dressent comme les fantômes d’un monde encore inconnu, mais déjà menacé.

Ugo Schiavi
Série Gorgones
Au premier regard, des coraux flamboyants. Mais en y regardant de plus près, la résine et les plastiques récupérés se mêlent aux coquillages. Le corail, symbole de vie, devient le théâtre d’une mutation toxique où l’art imite les dérives de l’humanité.

Jacques Perconte
Mære/Mer
Dans ce poème visuel, l’écume se décompose en milliers de pixels, traversée de cargos et de champs d’éoliennes. L’océan, splendide et industriel, se recompose dans une tempête numérique. Une vision hypnotique, à la frontière de l’abstraction et du documentaire.

MAIF Social Club
37 rue de Turenne, 75003 – M° Saint-Sébastien-Froissart (8)
Du 11 octobre 2025 au 25 juillet 2026
Du mar. au sam. 10h-19h, jeu. jsq 21h
Entrée libre