Mickalene Thomas : Je t’adore deux
GALERIE NATHALIE OBADIA
Du 19 octobre 2025 au 24 janvier 2026
Ça brille, oui – mais pas pour éblouir. Mickalene Thomas prend le glamour par la surface pour en révéler la couture. Elle découpe, assemble, stratifie : papiers peints rétro, éclats de strass, tissus familiers… L’image, chez elle, n’est jamais donnée.
Elle se fabrique à vue, comme on refait une histoire trop lisse. Ici, des femmes posent – mais ce sont elles qui regardent. Les poses codifiées des magazines populaires deviennent matière à recomposition : fragments isolés, silhouettes déplacées, textures domestiques qui remontent comme une mémoire. Les zones floutées, les pixellisations, ces “accidents” volontaires font trébucher l’œil et la lecture morale qui va souvent avec.
On comprend vite : la brillance n’est pas un voile, c’est une stratégie. Le collage est l’arme douce de Thomas. Elle n’attaque pas frontalement : elle accueille, puis déplace. Les codes du glamour entrent, ressortent autrement. Les fonds fleuris ne sont pas des décors, ce sont des terrains – ceux d’une culture intime trop longtemps tenue hors-champ. La feutrine, le vinyle, les motifs de salon ne déguisent rien ; ils redonnent du contexte, donc du pouvoir. On pourrait n’y voir que des images spectaculaires. Ce serait manquer la mécanique sensible qui les tient. Chaque pièce travaille l’ambivalence : désir et regard, icône et personne, archive et présent. Un coin de papier peint soulève un souvenir ; un éclat de faux diamant signale une vraie reprise en main ; une découpe nette ouvre un passage vers une autre narration. La lumière, ici, n’est pas un effet : elle prend parti. Ce qui émeut, au fond, c’est la confiance.
Même lorsqu’elle part d’archives, l’artiste compose avec la délicatesse d’un portraitiste qui connaît ses modèles. Mickalene Thomas aime l’excès au millimètre : la surcharge juste, le rythme des motifs, la percussion des couleurs. La pièce se lit de loin – impact net – puis de près, où les raccords racontent le travail de la main. A une époque qui recycle ses archives à la chaîne, il fallait cette précision, cette hospitalité critique. Plutôt qu’un cours d’iconologie, une leçon d’attention. Plutôt qu’un manifeste asséné, une scène réouverte. On vient pour le scintillement, on reste pour l’inflexion du regard. On repart avec l’idée simple et forte que la beauté n’excuse rien – mais qu’elle peut beaucoup, quand elle change de main.
GALERIE NATHALIE OBADIA
Du 19 octobre 2025 au 24 janvier 2026
91 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 - M° Miromesnil
Du mar. au sam. 11h-19h
Entrée libre







