Étonnante et crue. La mise en scène de Carmen par Calixto Bieito, créée en 1999, nous livre une version novatrice du célèbre opéra de Georges Bizet. Calixto Bieito l'assume : "En mettant en scène Carmen, j’ai avant tout cherché à libérer cet opéra des clichés. Je ne voulais pas l’enfermer dans un mythe, encore moins dans celui de la féminité. Je l’ai abordée comme un personnage humain, universel, comme ceux de Shakespeare."

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Carmen, disponible en libre accès sur le site de l'Opéra de Paris et sur le site de France.TV, jusqu'au dimanche 3 mai, est loin du mythe de la femme uniquement sensuelle. Le metteur en scène a simplifié au maximum les costumes afin d'atténuer le côté séducteur de Carmen et la présente au contraire comme un personnage complexe, éprise de liberté. Certes, elle fait tomber les hommes comme des mouches mais elle désire avant tout être libre alors qu'un officier ordonne de la faire emprisonner pour avoir blessé une autre femme et que le brigadier Don José l'étouffe de son amour oppressant. Cet autre aspect du caractère de Carmen nous donne une nouvelle vision du personnage, qui n'hésite pas à faire usage de la violence. Ames sensibles, s'abstenir : du sang coule à de nombreuses reprises sur la scène.

Le décor est lui aussi inattendu : sobre, constitué d'une cabine téléphonique et de vieilles voitures Mercedes, il positionne la scène dans une époque floue, mais contemporaine. Seuls les airs indémodables de l'opéra de Bizet résistent à ce vent nouveau : "L'amour est un oiseau rebelle" retentit toujours avec autant de délices à nos oreilles.