S’il vous est déjà arrivé, par une journée hasardeuse, de longer les murs de la 57^e rue Ouest de Manhattan à New-York, vous avez surement pu remarquer les portes cloisonnées de la Solow Art & Architecture Gallery. Pourtant, ni événement ponctuel, ni heure de déjeuner, ni conditions exceptionnelles ne viennent justifier de cette fermeture. L'explication est toute autre, et plutôt simple : la galerie n’a jamais ouvert ses portes en 20 ans.

Au travers des grandes portes vitrées, à la lumière de spots blancs, il est possible d’apercevoir de nombreux chefs d’œuvre, signés Francis Bacon, Franz Kline, Matisse, Miró ou encore Giacometti. Cette impressionnante collection, l’une des plus prestigieuses du pays, est estimée à plus de 200 millions de dollars. Elle appartient à Sheldon Solow, un magnat de l’immobilier décédé en novembre dernier. Mais cet ensemble, qui ferait pâlir d'envie les plus grands musées du monde, demeure scellé et interdit au public. Si le mystère de ce cloisonnement reste entier, il n'est pourtant plus à l'ordre du jour. La galerie ouvrira enfin ses portes en 2023, a annoncé le New York Post. Mais malgré cette bonne nouvelle, certains ne digèrent par l'exclusion passée. Natasha Schlesinger, fondatrice de la société de conseil artistique spécialisée dans l’organisation de visites ArtMuse, confie : « Tout le monde en est exclu. Même les personnes les plus haut placées ne peuvent pas y entrer ». Une situation ubuesque provocant quelques tensions, notamment alimentées par les bénéfices importants du groupe Solow, alors même que l’endroit n’accueille personne. Une situation dont s’amuse ironiquement le site web du lieu dirigé par le collectionneur d’art Ethan Arnheim : « La galerie a été créée par Sheldon Solow, un promoteur immobilier milliardaire de New York. Elle est classée fiscalement comme une fondation privée d’utilité publique. (…) En tant que fondation privée, elle accorde des avantages fiscaux à l'unique membre de son conseil d’administration, Sheldon Solow ».

L’humour semble être l'une des marques de fabrique de la maison,  comme en témoignent également les horaires de non-ouverture du lieu, que le site web relate de la façon suivante : « Lundi : inaccessible. Mardi : fermé. Mercredi : pas d’ouverture au public. Jeudi : fermé. Vendredi : comme le reste de la semaine. Samedi : aucune ouverture au public. Dimanche : toujours pas ». Malgré ces circonstances peu accueillantes, Natascha Schlesinger affirme qu’elle organisera des visites ouvertes au public, amateur ou non d’art, et donne rendez-vous à ses futurs participants en 2023.