Nos images de l'exposition Superfacial d'Audrey Tautou au Quai de la photo

QUAI DE LA PHOTO
Jusqu’au 10 septembre 2025

 

9

On l’a connue ingénue, mutine, solaire. On découvre ici une autre Audrey Tautou, plus opaque, presque fragile, en retrait mais sans masque. Une Audrey derrière l’image, qui interroge ce qu’elle fut, ce que nous avons vu, ce que nous avons projeté. Le Quai de la Photo accueille ici un geste, un déplacement, une façon de décaler le regard pour mieux reprendre possession de son image. Sur les murs, des autoportraits et des mises en scène, flous, décalés, parfois à la lisière du gribouillage ou du jeu. Audrey Tautou se cache, s’invente, se démultiplie. Elle rature les codes du portrait, déconstruit la figure publique, brouille les pistes. Elle ne cherche pas à séduire : elle cherche à échapper. À reprendre le contrôle d’un visage trop connu, à injecter du doute dans une mécanique bien huilée. Le glamour se défait, la beauté se dérobe. Reste une silhouette mouvante, à la fois icône et inconnue.
Ce travail, amorcé dès les années 2000, n’a rien d’un caprice tardif. Il accompagne en creux la construction d’une carrière, comme une ligne parallèle, souterraine. Comme si derrière l’actrice, il y avait toujours eu cette photographe inquiète, curieuse, ironique. On pense à Cindy Sherman, bien sûr, mais aussi à Claude Cahun ou à l’autodérision tendre d’une Sophie Calle. Pourtant, Superfacial ne revendique aucune filiation. Il avance masqué, dans les marges, à l’abri du spectaculaire. C’est une œuvre qui doute, qui interroge, qui dérange doucement.
Et puis, il y a l’humour. Ce regard qui cligne, qui rit, qui se moque même de la gravité du propos. Une légèreté lucide, portée par une sincérité désarmante. Audrey Tautou ne cherche pas à se raconter. Elle s’efface, glisse, se transforme. Elle nous laisse des traces, des doubles, des images qui se dérobent. Un peu comme un film qu’on aurait oublié de tourner. Ou qu’on aurait rêvé de garder pour soi.

QUAI DE LA PHOTO
Jusqu’au 10 septembre 2025
9 port de la Gare 75013 - M° Quai de la Gare (6)
Tous les jours 12h-01h, dim. à mer. jsq. 2h
Entrée libre


Vous aimerez aussi…

Leny Guetta, Les Murmures, 2025, oil on canvas, 114 x 195 cm, Courtesy of the artist and Galerie Minsky (1)
  • Découverte
  • Insolite

Des murmures à la Galerie Minsky

GALERIE MINSKY
Du 23 octobre au 6 décembre 2025

Les personnages de Guetta habitent un clair-obscur intérieur, silhouettes ambiguës, visages androgynes, identités en suspens.

6.93_Verre_01 (1)
  • Gratuit
  • Contemporain

Une traversée du doute au Carré Baudouin

CARRÉ DE BAUDOUIN
Jusqu'au 13 décembre 2025

Pooya Abbasian en fait l’hypothèse et nous entraîne dans une traversée du doute, interrogeant avec impertinence la mémoire, la vérité, la perception.

SJ_Lafayette09
  • Actu
  • Gratuit

Steffani Jemison : Ciel clair & eaux troubles

LAFAYETTE ANTICIPATIONS
Du 22 octobre au 8 février 2026

Et si l’air que nous respirons n’était pas neutre, mais saturé de mémoire, de tension et de désirs ? Steffani Jemison en fait le cœur de son exposition à Lafayette Anticipations. Lauréate 2024 du…

Chloé Viton - « Hematie, the birth of Oni Baba », 2023 © C. Viton
  • Actu
  • Gratuit

Mandorla, Les métamorphoses du sacré

ABBAYE DE MAUBUISSON
Du 4 octobre 2025 au 8 mars 2026

La mandorle : une forme simple, une amande allongée, qui depuis des siècles auréole les corps saints comme un signe de passage.