Ce que deviennent les œuvres de la FIAC [4/4]
Si la plupart des œuvres d’art contemporain trouvent une famille d’accueil à l’issue de la FIAC - exposées sur les cimaises d’une fondation prestigieuse ou sur les murs d’un particulier ou encore mises à l’abri dans un coffre-fort -d’autres connaissent un destin bien différent : invendues (32% en 2016), itinérantes, abîmées, reconverties, consommées, jetées par inadvertance…
Pour clôturer cette série sur les destins exceptionnels des œuvres de la FIAC, rendez-vous au Salvage Art Institute, un musée décidément pas comme les autres.
4. Les œuvres zombies
Salvage Art et œuvres en état de total loss
Qu’est-ce que l’art ?
Il existe une catégorie inventée par les assureurs d’art où des œuvres en état de « total loss » se retrouvent : le « salvage art ». Comprenant toutes les œuvres endommagées qui ne valent même plus la peine ni le coût de leur restauration, elle fait l’objet d’une attention toute particulière en raison de sa nature ambiguë : à quel moment une œuvre d’art perd-elle son statut d’œuvre ? A-t-elle moins de valeur artistique lorsqu’elle est endommagée ? Ne peut-elle pas nourrir une réflexion profonde, même abîmée ? Ces questions ont été à l’origine du projet du Salvage Art Institute d’Elka Krajewska. Depuis 2009, cette entité mise en place par l’artiste New-Yorkaise accueille en dépôt, conserve et médiatise une partie de l’inventaire des œuvres considérées en état de perte absolue appartenant à la branche américaine de l’assureur AXA. Parmi les cas de « no-longer-art » figurent un Balloon Dog de Jeff Koons en mille morceaux, un dessin d’Alberto Giacometti dont les couleurs ont déteint après un dégât des eaux, une toile éventrée…
L’exposition des pièces zombiesques au Salvage Art Institute est peu conventionnelle : les œuvres sont posées sur des tables roulantes pour que le visiteur les manipule et les appréhende sous toutes les coutures et sous tous les angles. Une invitation à regarder en se passant de la nécessité d’évaluer complètement et à interroger les frontières de ce qu’on estime être de l’art. Une réflexion qu’on vous conseille de mener en déambulant dans les allées de la FIAC… avant qu’il ne soit trop tard !
>> 1e épisode : les œuvres globe-trotteuses